Voyage à Cuenca et Zaragoza des 18 et 19 octobre 2013

LE VOYAGE D’APRES CHARCO :

C’est une histoire d’amour, que je vais vous raconter !

 

Youpi ! Voilà Franck, mon maître qui rentre dans la voiture et me dit : « C’est parti pour l’Espagne, on va suivre le Camion de l’Espoir et ramener pleins de copains ! ».

En route donc pour Mazarin, depuis Orléans.

Arrivés sur place, Corinne nous accueille à bras grands-ouverts et me présente les membres de sa petite meute. Nadine (l’adoptante de Bento) arrive ensuite pour partager avec nous cette aventure formidable. Après un bon repas pour les maîtres et une gamelle tardive en ce qui me concerne, chacun s’empresse de regagner ses appartements.

 

A six heures, vendredi matin, tout le monde debout !

Une petite toilette, une bonne gamelle et c’est parti direction Brax où Nelly nous attend. Une fois les dons chargés dans le camion, nous repartons, en direction des Landes, sous un ciel rougeoyant.

Après une petite blagounette du GPS qui ne nous a pas emmenés où il fallait (et là, j’imagine Nelly : « Allô Martine, on est perdus ! »), nous sommes enfin arrivés chez Martine et Didier. Là, nous attendent un petit café et des croissants frais. Enfin, quand je dis : « nous attendent »... Non. Tout ça, c’est pour les maîtres, bien évidemment.

Mais ce n’est pas grave, car je ne reste pas indifférent aux charmes de Gitana, leur belle galga, aux oreilles à géométrie variable. Je suis content d’apprendre qu’elle sera du voyage avec moi et Baïha, sa copine épagneul breton !

Pour Martine, cela fait quatre ans, jour pour jour, qu’elle a découvert avec émotion la vie d’un refuge espagnol, qu’elle a rencontré des personnes hors du commun, vu l’emplacement du nouveau refuge et surtout fait la connaissance de l’un de ses plus grands amours : Trulla, petite épagneul breton, aujourd’hui disparue.

C’est le grand jour ! Elle repart pour Cuencanimal et va découvrir le refuge de Zaragoza ! La phrase qui lui vient à l’esprit depuis qu’elle le sait : « Revoir Cuenca et mourir »…

 

11 heures. C’est parti pour l’Espagne !

Bon, je dois vous l’avouer, j’ai dormi pas mal de temps à l’arrière de la voiture. J’ai toutefois bien remarqué que nous tournions parfois en rond. Je ne comprendrai jamais la confiance qu’accordent les humains à leur GPS !

Après quelques kilomètres, couverts chacun de notre côté, nous nous retrouvons sur une aire d’autoroute espagnole. Pause pipi pour nous les toutous, et pause sandwichs (soigneusement préparés par Corinne) pour les maîtres.

Ça, c’est la théorie ! Parce qu’il n’y a rien de tel qu’un voyage, avec des passionnés de chiens, pour goûter à leurs casse-croûtes !

Sur le trajet, je remarque que la géologie de l’Espagne est surprenante : des paysages magnifiques, tantôt verts, tantôt martiens, alternent avec des figures érosives contrastées, en raison de différentes teneurs en hydroxyde de fer, vestiges d’une ancienne latitude tropicale de l’Espagne. (Intelligent le galgo, non ?!). Bon, bref, on s’égare là ! Je ne peux pas vous en dire plus, car j’ai dormi je crois.

 

Petite pause pour se dégourdir les pattes.

Nadine nous raconte comment elle vit ce début de voyage : « Je ne connais rien de l'Espagne, hormis qu'au 21ème siècle, des hommes encore bien barbares, plus que cruels, y torturent en toute impunité les chiens, comme autrefois en France, les chats au Moyen- Âge. Mais que pour compenser l'horreur de ces massacres, des femmes et quelques hommes se battent corps et âme, pour redonner du sens à l'humain, en sortant un maximum de chiens de cet enfer, en leur faisant passer la frontière pour un ailleurs plus enviable ».

 

Je pars donc en terre inconnue avec Nelly, Corinne, Franck, Cécile, Didier et Martine jusqu'à Cuenca, à bord du Camion de l'Espoir, consciente que je vais vivre une aventure humaine exceptionnelle, bien décidée à ne pas en perdre une miette au fil du voyage.

J'assiste, admirative, à un ballet logistique parfaitement synchronisé, pour qu'en coulisses, tout se coordonne discrètement, par échanges de messages incessants.

Nelly a l'œil partout : une vignette manquante, une prescription médicale à noter, rappeler Anne... Pendant ce temps, Corinne, stoïque, avale les kilomètres avec le camion.

Elles n'arrêtent pas, sont partout à la fois. C’est une équipe qui se serre les coudes, de jour comme de nuit.

De plus, tout se passe avec des accès de rigolade, beaucoup d'amitié partagée, malgré le manque de sommeil et la fatigue accumulés. Je dis : « respect » !

Personnellement, il m'arrive un truc incroyable, un de ces jolis événements imprévus. Tandis que le camion avance, je papote avec Corinne et Nelly pour les soutenir, car la fatigue se fait sentir.

Comme ça, histoire de savoir (tu parles !!!), je me renseigne sur les démarches à entreprendre lorsque l'on souhaite devenir famille d'accueil. Parce qu'une fois, quand "Bento", mon petit porte-bonheur m'avait envoyée consulter le site Galgos France, il s’y trouvait une petite qui m'avait sacrément tapé dans l'œil. Rappelez-vous : la setter KINA.

Mais bon. Elle venait tout juste d'être adoptée et tant mieux pour elle.

Nelly écoute. Corinne sourit. Elles échangent des regards. Pourquoi tant de mystères ? Tout simplement parce que la fameuse toutoune est tout récemment de retour à l'adoption. Pour quel motif ? Trop brave, trop collante, soi-disant... Et mon cœur se met à battre de plus en plus fort parce que cela change tout ! Je vais la voir "en vrai ". Et ce n’est là que le premier acte de ce coup de théâtre !

 

Moi, le beau Charco, je me suis réveillé à proximité de Cuenca, grâce à Nelly et Corinne qui ont décidé de faire du hors-piste, en pleine nuit, sur des chemins poussiéreux dont les ornières pourraient presque faire réfléchir Sébastien LOEB ! (Pilote de rallye automobile).

Une fois sorti de la voiture (enfin !) avec mes copines de voyage, nous nous interrogeons fortement à propos de la couleur initiale de nos voitures respectives. Etaient-elles blanches avant le franchissement de la frontière ?

 

Bref ! Toutes ces aventures nous ont ouvert l’appétit.

20 heures. Nous poussons la porte de la Casa Rural de Dorin et Camelia à Jabaga, où nous attendent Puri, Inès, Maria, les deux Marie-José et Edison.

Nous sommes accueillis par toute l'équipe à bras grands-ouverts, avec une chaleur qui réchauffe le cœur, des effusions de l'âme et du cœur, des larmes, comme si nous nous connaissions depuis toujours.

Rencontres exceptionnelles. Moments de partage intenses. Nous les chiens, recevons plein de câlins et de caresses. Enfin, surtout les filles. Il faut le dire, Gitana et Baïha viennent du refuge de Cuenca et ont été adoptées il y a trois ans !

Lorsque Puri s’approche de Baïha, Nelly lui demande si elle la reconnaît. Lorsqu’elle prononce le nom de Baïha, Puri n’en croit pas ses yeux, tellement le changement est flagrant ! Baïha ne sait plus où se réfugier, afin d’échapper à cet élan de tendresse et me demande : « ai-je donc changé à ce point pour les émouvoir autant ? »

Quant à Maria, elle raconte à Martine comment elle massait Baïha à l’Aloé Véra.

Que d’émotions !

Martine ouvre alors sa boîte à souvenirs, remplie de photos de tous les chiens. L'équipe de Cuenca évoque leur passé douloureux. C'est émouvant de constater avec quel luxe de détails précis, Puri et Marie-Josée se remémorent chaque chien, un par un.

Perdue dans tout ce monde, patiente la minuscule Meiga qui vient de quitter sa famille d’accueil, bien installée dans les bras de Puri, puis d’Edison.

Pendant que nous, les chiens, espérons négocier quelques miettes du repas si appétissant qui a été servi, les voyageurs eux, tentent d’échanger quelques phrases, dans un espagnol plus ou moins approximatif.

Nelly, quant à elle, parfois secondée par Didier, donne donc les dernières nouvelles aux bénévoles du refuge, discute des nouveaux chiens arrivés et de ceux qui reviennent à l’adoption.

Ici, petit clin d’œil à Nadine... Eh oui ! Second coup de théâtre ! Marie-Josée a le passeport de la petite Kina dans sa poche !! Comme c’est étrange !! Ça sent le coup monté à pleine truffe !! Mais Nadine a les yeux qui brillent et son regard en dit long.

Certaines familles en France ont confié des photos de leurs protégés à Nelly, pour qu’elle puisse les transmettre aux filles de Cuenca ! Que d’émois pour elles, de voir à quel point ils sont heureux dans leurs foyers.

Plus tard dans la soirée, Mercedes et son mari nous rejoignent ! Nouvelles retrouvailles et nouvelles séquences émotions ! Encore chapeau pour les traductions Nelly. Heureusement que tu es là pour tout traduire, sinon on y serait encore, au grand bonheur des filles de Cuenca !

 

Il commence à se faire tard et la journée de demain promet d’être longue.

Nadine, sans son Bento à elle, se sent d'un seul coup, en manque de chien. Elle se porte donc plus que volontaire pour s’occuper de la petite Meiga, qui l’accompagne sans se faire prier ! Ça se passe comme ça un voyage à Cuenca : on vous confie même un chien pour éviter les cauchemars !

Le lendemain matin, mes maîtres et moi-même, ainsi que Nadine et Meiga nous réveillons de bonne heure. Rien de telle qu’une balade au lever du soleil pour découvrir le paysage imaginé la veille au soir, au milieu d’un nuage de poussière !

Au loin, nous apercevons Martine et Didier, ainsi que mes deux copines, qui sont également de sortie !

De retour au gîte, tout le monde est prêt pour un petit déjeuner délicieux et bien copieux ! Mais avant de partir pour le refuge, il faut vérifier les passeports et les certificats de chaque chien. Corinne et Nelly sont rodées!

 

Ça y est ! C’est parti pour le refuge !

Nadine est émue jusqu'aux larmes de revenir sur les traces du passé de son petit protégé. Eh oui ! Bento vient de Cuenca. Nous les chiens, sommes restés pour surveiller nos voitures respectives à l’extérieur. Il est hors de question pour nous de remettre les pattounes dans un refuge. Voici ce que nos voyageurs m’ont raconté :

« Les grilles se sont ouvertes pour le camion, et Puri est venue à notre rencontre pour nous faire entrer par un petit sas aménagé. Ce qui n’était qu’une pinède il y a quatre ans, lors du dernier passage de Martine, est devenu un magnifique refuge pour tous les déshérités. On y trouve des «patios » intérieurs, pour permettre aux chiens de se défouler, des box propres, des abris et des niches en tout genre. Quelle différence par rapport à l’ancien refuge de Cuenca, où il n’y avait que de vieilles écuries (C’était mieux que rien pour mettre les chiens à l'abri) sans rien autour. Et à l’époque, il ne fallait compter sur aucun don ni soutien.

Tout construire, avec pour tout matériau une foi immense ! Quel parcours extraordinaire et quel travail accompli depuis !

Puri nous montre le groupe électrogène qui alimente l’ensemble du refuge. Puis, avec fierté, elle nous ouvre le bungalow qui abrite une quantité impressionnante de manteaux, de couvertures et de tout le nécessaire pour ses chiens ».

 

A notre arrivée, les anciens reconnaissent parfaitement le camion.

A croire qu’ils ont compris qu’une vie meilleure les attend de l’autre côté de la frontière. Pour preuve : Lotus, croisé mâle de taille moyenne (Page 7 sur le site GF !), saute dans le véhicule dès que les portes s’ouvrent et va s’installer dans une cage ! Il ne quittera pas Nelly d’une semelle jusqu’à ce que le camion soit déchargé. Difficile de lui faire comprendre qu’il ne sera pas du voyage.

Tous les dons sont déchargés : un échographe (avec ses flacons de gel) a même été offert par Jérôme au refuge. Quant à Edison, il a du bricolage en prévision ! Il fignole déjà dans sa tête son futur projet : l'installation d'un éclairage plus approprié ! Il est tout heureux de recevoir son premier spot. Quand on voit tout ce qu'il a déjà construit, c’est inouï ! Cet homme-là est avant tout un artisan du cœur au service de tous ces pauvres loulous.

 

Midi passé.

Certaines familles d’accueil sont présentes depuis 11 heures du matin. Elles tentent de profiter au maximum des derniers instants passés avec leurs protégés.

Avant de partir grignoter un morceau, Puri nous invite à entrer à l’intérieur de chaque patio ! Nous sommes assaillis par tous les loulous ! Invités à jouer, nous ne savons plus où donner de la tête. Surtout, nous caressons toutes les têtes poilues qui passent à notre portée ! Un bonheur !

Certes, il y a les traumas, encore méfiants. Ceux-là, nous ne les approchons pas. Ils viennent vers nous uniquement s’ils le veulent. Parmi ce tourbillon de loulous, nous avons nos coups de cœur, déterminés en fonction de leur histoire, leur esthétique, les craintifs que l'on aimerait rassurer, les exubérants de tendresse. Ces chiens sont parfaitement nobles, même blessés. Il existe parmi eux des croisements splendides.

Marisha, exceptionnelle de courage, qui essaie malgré la souffrance, de poser sa patte comme pour nous dire "ça va aller"...

Kickers, galga de quatorze ans, si bouleversante, qui nous accueille en pleurant et qui a fait craquer Cécile et Franck!

Octubre, qui profite de ce que Martine s’agenouille, pour arriver derrière elle et lui poser ses grosses papattes sur les épaules ! Elle a droit à une toilette en règle : cou et gel de bave dans les cheveux ! C’est vrai ! Ca manquait !

Morante, Pitingo, Volcom, les galgos noirs, d’une beauté ! Sans compter le pelage magnifique de Doc Mateo.

Ah ! Pitingo ! Martine a les larmes qui lui viennent aux paupières. Elle a l’impression de revoir son Gauguin, disparu ! Pitingo lui ressemble tellement...

Thor, le chien immense mais d’une tendresse… qui sait regarder Franck et tous les autres avec ses yeux de malheureux.

Il y a aussi les anciens, ceux qui sont là depuis longtemps. Puri demande à Cécile de prendre de belles photos d’eux, de manière à les montrer sous un bon jour.

Brina, revenue à Cuenca il y a peu de temps, est là, à son aise. Elle a retrouvé ses repères, sa place, sa famille et ses amis qu'elle refusait de quitter.

Et puis, il y a Kina, la setter qui a fait craquer Nadine ! Evidemment, elles passent un peu de temps ensemble, rien qu’elles deux. Kina a vite compris qu’il se passe quelque chose entre elles. Tout le monde sent que Nadine ne va pas la laisser ici ! Mais chut !... Voici les mots qu’elle lui glisse à l’oreille : « Tu seras du prochain voyage ma belle, c’est promis ! ».

On pourrait dire un mot sur chaque chien. Ils sont tous adorables et méritent leur place dans une famille. Ce qui est frappant, c'est que l'on n’a pas la sensation d'arriver dans un refuge, où les animaux vous renvoient leur enfermement de plein fouet, comme cela peut être le cas dans de nombreux refuges.

Nous avons seulement l'impression de pénétrer dans une immense propriété, où les chiens, en semi- liberté, partagent l’espace sans être cloîtrés, ni entassés les uns sur les autres.

Tous se collent à nous, réclament un peu d’attention, capables déjà, sans rancune, de témoigner de tout ce qu'ils ont encore à offrir aux humains (A méditer ...).

Ils nous bousculent le cœur !

Les bénévoles et Maria José en particulier passent de parc en parc, une caresse, un câlin, un lancer de ballon à droite, un autre à gauche. Paradoxalement, le sentiment qui nous vient est QU’ILS SONT HEUREUX ! Ces chiens n’ont pas encore leur famille. Mais ils ont une de famille ! Celle que forme l’équipe merveilleuse de Cuencanimal.

Pour l’équipe, il est temps d’aller grignoter quelque chose rapidement avant de commencer le chargement des chiens.

 

14 heures, retour au refuge.

Kickers pleure encore dans son box, mais Martine lui susurre à l’oreille qu’elle sera du voyage !

Dernières vérifications et c’est parti !

D’abord la belle Claudita et son inséparable peluche, suivie de Norit et Meiga. Ensuite vient le tour de la belle Sissi et du beau galgo noir Morante. C’est maintenant à Marisha de se faire porter dans le camion, avec sa patte bien abîmée, suivie d’Aurélia, la petite podenca borgne. Les adieux avec chaque personne du refuge sont très émouvants. C’est déchirant de laisser partir les petits protégés qui ont parfois passé plusieurs années au refuge.

Edison apporte maintenant Kickers, très craintive et dans un état… Mais cette demoiselle fera, sur demande de sa famille d’accueil, le voyage dans la voiture de Charco, ce qui n’est pas pour déplaire à Franck !

C’est maintenant le tour des chiots, Veva, Birko, Luck, Russ, Ender et Corey, puis celui d’Astérix qui n’avait pas pu remonter au voyage précédent.

C’est maintenant à Toro de grimper dans le camion. La jeune fille de treize ans, qui a chéri son petit compagnon depuis plus d’un an, pleure doucement, le visage enfoui dans le cou de TORO. Cette scène nous retourne le cœur. Nos larmes coulent tant elle est digne dans le chagrin. Elle nous demande de mettre elle-même TORO dans le camion.

Jamais nous n'oublierons cet instant et ce qu'il lui a fallu de courage pour accepter cette séparation ! Les portes du véhicule se referment. La jeune fille qui vient d’envoyer son TORO vers une nouvelle vie, n’a plus dans les mains que la laisse de celui-ci. Elle sanglote discrètement. Martine et Nadine se regardent, leurs larmes coulent aussi. Elles prennent la petite dans leurs bras, pour tenter de la réconforter de leur mieux.

Voici Datil, petit bout de chou souffreteux. Il prend place dans la voiture de Didier, entouré de Martine, Gitana et Baïha.

Tout le monde a une petite pensée pour Junco qui aurait dû faire partie du voyage. Ce petit, n'est pas né sous une bonne étoile.

 

16 heures. L’heure est venue de quitter refuge.

Nouveaux pleurs... Difficile d’accepter notre impuissance face à tous ces copains qui n’attendent qu’une seule chose : monter dans le camion pour rejoindre une famille.

Il est temps de quitter nos anges. Les adieux sont durs. Un dernier geste de la main et nous partons pour Zaragoza.

Kickers est maintenant avec moi dans la voiture. Je me suis dit que je devais la rassurer, l’accompagner dans ce voyage! Ce qui est drôle, c’est qu’elle n’est plus aussi craintive qu’avant. Elle s’est assise à l’arrière et regarde le refuge s’éloigner. On croirait qu’elle est soulagée !

 

Les kilomètres défilent au compteur !

Allez ! Encore cinq heures de route jusqu’à Zaragoza.

Ce refuge est très impressionnant. Je le sais. J’y ai passé deux longues années, seul dans mon box. Ça me fait tout bizarre de retourner là-bas. Mais je sais que je n’y ferai qu’un court passage. J’ai un moment de doute. Est-ce que Julieta, Claudia, Begona et Milli vont me reconnaître ? Eh oui ! Elles me reconnaissent. J’aperçois même de petites larmes couler sur leurs joues. Visiblement, l’effet de surprise a bien fonctionné. Tout le monde est content de me revoir. Une petite photo pour immortaliser nos retrouvailles, et une grosse pensée pour ma Julie, qui du fin fond de ses Ardennes m’a, elle aussi, aidé à sortir de là. Tu aurais dû être sur la photo avec nous ma Juju.

Julieta reconnaît également Martine (qui se dit intérieurement : « Ouf, je n’ai pas vieilli tant que ça alors !! »). Nostalgie ! Celle de l’époque où elle allait chercher les toutous à Biarritz jusque chez elle, avant l’arrivée du camion qui les ramenait sur Brax !

 

Les filles du refuge nous ont préparé un copieux pique-nique,

que Datil, Baïha, Gitana et moi surveillons de près ! Du fromage, du chorizo, du saucisson, des pâtes de fruit... que des bonnes choses !

Quant à Datil, le voilà qui lève la patte sur Nelly, l’inondant copieusement d’un super gros pipi ! « Ça fera des souvenirs dit-il » ! C’est sans doute sa façon à lui de faire diversion dans le but de voler un petit quelque chose ! Malade le petit ? J’en doute !

Profitant d’un moment d’accalmie, les dons sont déchargés.

Les chanceux qui montent dans le camion sont Lucita, Valma et Tirsa (la mère et la fille), puis Ikari et Perlita.

On passe ensuite au modèle supérieur avec le beau Brady, qui est venu avec Claudia (si discrète sur les sauvetages inouïs qu'elle négocie généreusement de sa poche dans les perreras). Puis viennent Nalis, le beau Musgo et Blanquita, qui a passé six ans au refuge (déjà que moi, je me plaignais que deux ans, c’est long…) et enfin, la belle Marinita.

Il pleut toujours et il fait nuit noire. Nous n’aurons pas la chance de rencontrer les pensionnaires, ni de visiter le refuge. Une prochaine fois peut-être.

 

22 heures 30 et le plus dur est à venir pour tous nos pilotes.

Il reste à parcourir sept heures de route, en pleine nuit et sous la pluie.

Pour nous les chiens, tout va bien. Nous pouvons dormir tranquillement. Les adieux sont émouvants, mais rapides. Au revoir Julieta, et merci pour tout ce que tu as fait pour moi et mes autres compagnons de galère.

C’est avec un pincement au cœur que les personnes du convoi repartent.

La route est longue, épuisante.

Nous arrivons chez Martine et Didier vers quatre heures du matin. Un petit déjeuner est servi à tous nos pilotes et copilotes, comme à l’accoutumée !

Cette pause requinque tout le monde, moi compris.

 

C’était déjà le moment de repartir.

Il faut que je dise au-revoir à ma galga préférée, croisée chauve-souris, mais tellement adorable ! Nous avons également donné la petite Veva à sa famille, venue la récupérer chez Martine. Ils ont, eux aussi, réussi à se perdre grâce à leur GPS !

Je ressens chez Martine comme un soulagement de pouvoir enfin aller se coucher, et je la comprends ! Mais chacun sait qu’elle a une pensée pour nous, qui avons encore l’un des plus difficiles tronçons à parcourir ! C’est normal, c’est le dernier !!

 

Dernière ligne droite jusqu’à Mazarin.

Nous devons, Kickers et moi, ménager une petite place à Datil. Jusque là, elle voyageait avec Martine et Didier. Nous nous demandons si ce petit n’a pas signé un contrat avec l’armée. Objet du contrat : armes de destructions massives d’ordre chimique !! Merci Datil, grâce à toi, nous ne risquons pas de nous endormir !!!

 

8 heures. Lentement, le jour pointe le bout de son nez.

Nous arrivons pile dans les temps à Mazarin. Une petite foule nous attend : familles d’accueil, adoptants, bénévoles et covoitureurs !

Il est temps de faire descendre les passagers du camion !

Les sourires sont sur toutes les lèvres. Les caresses et les baisers pleuvent ! La belle vie commence les amis ! Et dire qu’il y a un an et demi, je descendais de ce camion (C’était le 28 avril 2012, jour du mariage de mes maîtres !). Oui, à cet endroit même, avec des personnes qui sont présentes aujourd’hui aussi ! Merci pour tout ce que vous faites pour nous, galgos, mastins, podencos, croisés et autres.

Une chose est certaine. C’est que notre Nelly et notre Corinne possèdent un courage sans limite. Elles font l’admiration de personnes comme Didier, chauffeur routier depuis trente ans, qui se pose encore la question (comme nous d’ailleurs !) : comment parviennent-elles à accomplir ce périple, mois après mois et cela depuis des années ! Chapeau Mesdames ! Oui ! Chapeau bas !

C’est une histoire d’amour, que je vous ai racontée, une histoire de tous les jours, une histoire d’amitié, vous m’avez sauvé, et vous continuerez encore et encore, à en sauver d’autres.

 

Charco et tous ses co-auteurs Baïha, Gitana, et les maîtres : Martine, Didier, Nadine, Franck et Cécile.

POUR MEMOIRE : Franck et Cécile sont les auteurs-compositeurs d'une magnifique chanson, dédiée aux galgos. Nous vous l’avons déjà présentée sur notre site.

Vous trouverez si vous le souhaitez également, le texte du voyage en format pdf ICI !

 

 

Et bien sur, toutes les PHOTOS DU VOYAGE ICI

 

Et pour finir, voici la fin du résumé du voyage en musique et en clip musical... tout simplement magique!! (musique et paroles : Ni’Daoù pour Galgos France)

 

Vous retrouverez la traduction ICI

 

 

 

Pour mémoire :  Franck et Cécile sont les auteurs/compositeurs d'une magnifique chanson dédiée aux galgos, que nous avions déja présentée sur notre site :