Les leçons à tirer de la fugue de Nori

Après avoir adopté Life en juillet 2017, je me suis décidé pour une seconde adoption, celle de Nori en juillet 2018. Les deux font la paire en bien des points. Ils sont tous deux sociables, doux et tranquilles. Mais ils sont aussi tous deux des galgos craintifs avec des tendances fugueuses.

 

Toutefois, leurs craintes s'expriment différemment. Life est très sensible aux sons et aux bruits. Je lui parle de ce fait en Espagnol, ce qui a, me semble-t-il, facilité nos premiers contacts. Il semble aussi apprécier la musique. Mais il peut aussi se bloquer, reculer, bondir à tout bruit de portes ou de portières qui claquent, ou à tout éclat de voix masculine. Nori est moins auditive quant à elle. Ses craintes le sont moins également. Les bruits de la ville, par exemple, ne lui posent aucun souci. Cependant la grande peur de Nori est d'être confinée. Le fait qu'elle soit devenue borgne, et que son champ visuel soit donc restreint, a sûrement partie liée. En situation de confinement, Nori a tendance à ficher ses griffes dans le sol, à s'arc-bouter de toutes ses forces, ou encore à se plaquer à terre pour ne plus avancer. Nori déteste donc les vestibules un peu exigus, les escaliers, les attroupements de personnes dans la rue et… le coffre de ma voiture.

 

Avec nos galgos, il faut donc à mon avis déterminer rapidement les contextes anxiogènes qui leur sont propres (bruits, visuels, etc.) Ainsi n'avais-je pas perçu dans les premiers temps que le confinement était à ce point une source d'angoisse pour Nori. Si j'ai donc dû insister pour que Nori monte dans le coffre de ma voiture lors de notre troisième sortie, en lieu et place de la banquette arrière utilisée lors de nos deux premières promenades – à chaque fois un peu à l'extérieur de la ville, en lisière de forêt –, l'expérience du coffre a sûrement été angoissante pour Nori. Aussi, sûrement par peur, s'est-elle faufilée hors du coffre en un rien de temps, à peine l'avais-je entr'ouvert … Et j'ai aussitôt regretté de ne pas l'avoir attachée dans le coffre, bien sûr !

 

J'ai également aussitôt compris que le fait d'être accompagné de plusieurs personnes pour cette troisième promenade était prématuré. (J'étais seul avec Life, Nori et mon whippet Chester pour les deux premières.) Mais, là, il y avait effectivement tout un attroupement de personnes dans ma voiture ... puis autour d'elle. Certes, la bonne volonté des uns et des autres s'est exprimée immédiatement. Les joggers qui passaient par-là voulaient me venir en aide … Mais l'ironie est que trop de monde se mobilisait pour une Nori à tendance agoraphobe. Et la belle galga s'est enfoncée … dans la forêt ! Elle y est restée trois jours et trois nuits.

 

Je tiens à souligner l'aide précieuse que j'ai reçue de l'association, notamment en la personne de Catherine, et de la part des habitués de la forêt de Saint Etienne du Rouvray (Seine Maritime), qui se sont tout de suite mobilisés en me signalant la présence de Nori chaque fois qu'elle était repérée. La galga fugueuse circulait en forêt et aux abords de la ville dans un périmètre que nous avons pu, grâce à ces témoignages, circonscrire assez précisément pour mettre en place des points de nourrissage. Je remercie tout particulièrement Paul, ainsi que Gerardina et son galgo Alex, pour nous avoir aidés, Life et moi, à inspecter les fourrés et les taillis à la recherche de la belle qui courait dans les bois.

 

Nous avons connu des heures angoissantes chaque fois que Nori était signalée aux abords de la rocade qui jouxte la forêt, des heures de soulagement lorsqu'elle était repérée de nouveau en lieu plus sûr dans la forêt. Probablement à la recherche de nourriture, et malgré nos points de nourrissage, le périmètre de Nori s'est cependant élargi toujours un peu plus …

 

Et son chemin croisa de nouveau la rocade. Inévitablement. C'était le troisième jour, à 22 heures ! Cela aurait pu cette fois-ci lui être fatal, du moins sans l'intervention extraordinaire d'Emilie ! Emilie sortait de son travail. Elle a vu Nori allongée sur la bande d'arrêt d'urgence. Emilie s'est arrêtée. Nori avait été bousculée par une voiture. D'autres automobilistes sont gentiment intervenus : un autre attroupement, et Nori, comme à son habitude, a trouvé l'énergie pour fuir en direction de l'autre voie, après que son harnais casse entre les mains de ses sauveteurs ! Emilie a suivi Nori sans hésiter. Elle a dû bondir sur elle pour l'immobiliser enfin. C'était le second sauvetage de Nori ! Et quel sauvetage ! Nori s'en est sortie pour quelques "beaux" hématomes. Nous remercions très chaleureusement Emilie pour son très beau geste !

 

François, adoptant de Nori et Life

 

Écrire commentaire

Commentaires: 8
  • #1

    Evelyne 54 (mardi, 14 août 2018 08:00)

    Merci pour cet article

    Mon prince, lui, avait peur du noir, de l'obscurité ......avec de la patience et de l'amour, ses craintes se sont estompées .......puis envolées et les cauchemars nocturnes quasiment disparus

  • #2

    mh (mardi, 14 août 2018 09:19)

    je suis très heureuse bien sûr que vous ayez retrouvé Nori, mais surtout que la leçon que vous en avez tiré vous la fassiez partager aux autres adoptants et surtout aussi aux autres futurs adoptants . Il s'agit de bon sens vis à vis d'animaux qui du jour au lendemain sont dans un contexte absolument nouveau pour eux à tout point de vue et pour lesquels la plus grande prudence et progression est de mise. Je pense que c'est un aspect qu'il faudrait vraiment prendre en compte à chaque nouvelle adoption et donc extrêmement sensibiliser les nouveaux adoptants, cela éviterait probablement bien des fugues liées à des conditions de sortie prématurées; en disant cela je pense toujours aussi énormément à Orion pour qui j'avais eu un coup de coeur mais avec déjà 2 chiens et 2 chats il m'était impossible d'ouvrir mon foyer, et j'en suis malade chaque fois que j'ouvre la page de Galgos sur "Orion toujours en fuite" ....

  • #3

    Association Galgos France (mercredi, 15 août 2018 00:03)

    Soyez convaincus que nous répétons toutes ces consignes plusieurs fois à chaque adoption, et François y a eu droit lui aussi. C'est pour cela que nous lui avons demandé de rédiger un article pour sensibiliser les adoptants qui pourraient avoir un excès de confiance.
    En ce qui concerne Orion, notre bénévole sur place ne baisse pas les bras et continue les affichages. Un jour ou l'autre, nous espérons que cela portera ses fruits.

  • #4

    Isabelle (mercredi, 15 août 2018 09:30)

    Oui,merci de bien rappeler ces consignes.Je n'ai jamais détaché ma galga en ville car je connais justement ses réactions de panique. Une voisine de quartier promene son chien sans laisse et un jour m'a arretee pour me dire que mon chien était malheureux,que je devrais le lâcher, etc.j'ai essayé de lui expliquer mais elle ne me croyait pas...pour elle,le levrier doit" courir librement sinon c'est un chien malheureux."...moi je sais que je le protège et en vous lisantcela confirme la nécessité d'd'etre prudent.

  • #5

    Dom 71 (mercredi, 15 août 2018 10:49)

    Merci à vous pour ce témoignage

  • #6

    Michela de Marley&Beckett (jeudi, 16 août 2018 13:35)

    Ceci n'a rien à voir avec la fugue de Nori (sacrée aventure ceci dit!), mais je me pose depuis longtemps une question:

    En ce qui concerne les chiens trauma ou simplement très craintifs, et en prenant exemple sur la fugue d'Orion, ne pourrait-on pas imaginer de remettre le chien aux adoptant avec un harnais de sécurité "3 points" (qui passe aussi sous la taille, donc) et obligatoire, ajusté à ses mesures par les bénévoles du refuge, qui sont le plus à même de manipuler l'animal avant son départ?

    Les harnais simples comme le rouge qui porte Orion sur la photo sont bien trop simples à enlever, j'en sais quelque chose avec Beckett qui au refuge passait pour être un crème et s'est révélée être un chien très craintif voir carrément trauma dès son arrivée: elle s'est extirpé de quasiment tous les modèles de harnais (le collier, je n'en parle même pas, totalement inutile) jusqu'à qu'on trouve celui dont elle ne pouvait pas sortir sans aide humain.
    Une amie qui vient d'adopter une chienne de Roumanie a vécu les mêmes aventures récemment, et pourtant elle a une formation en éducation canine, s'est son 3eme chien, mais jamais elle n'avait eu un chien aussi craintif, et le harnais 3 point s'est révélé indispensable,

    Si on sait que le chien présente un risque sérieux car craintif, ce serait une -petite- garantie de sécurité (cela a un coût, je ne l'ignore pas, mais à mon sens lors d'une adoption il faut pouvoir aussi assurer ce coût-la pour ne pas compromettre en 5 minutes le travail des bénévoles des refuges pendant parfois des années).

    My two cents.

  • #7

    danielle lory (jeudi, 16 août 2018 20:21)

    On ne met jamais un animal dans un coffre de voiture, c'est du bon sens. Un coffre de voiture n’est pas conçu pour le transport d’êtres vivants (absence de climatisation, de ventilation, la température intérieure peut être très élevée) Cette pratique est très anxiogène pour l'animal. Mettez-vous à la place de votre chien, aimeriez-vous voyager dans un coffre de voiture, d'autant plus que le coffre n'est pas ventilé?
    La place de votre chien est sur la banquette arrière en assurant sa sécurité et la vôtre par un système qui permet d'accrocher la laisse à la partie fixe de la ceinture de sécurité.
    Jamais d'animaux dans un coffre de voiture.

  • #8

    evelyne (lundi, 20 août 2018 19:23)

    Danielle Lory , un chien est bien plus en sécurité dans un coffre (avec hayon)SANS LA PLANCHE arrière et avec une barrière de sécurité fixée aux sièges arrières .ce n'est pas plus anxiogène ni plus chaud que l'habitacle du véhicule puisque le coffre est dans la continuité .quand à la fugue de Nori elle est imputable à l'adoptant qui n'a pas respecté les consignes de sécurité .