Lettre d'une animaliste espagnole, envoyée au Ministère de l'Agriculture et de la Justice de Madrid

Je collabore avec des refuges de protection animale de mon pays (Espagne). Tous les jours, on nous fait part des chiens abandonnés, maltraités ou morts. Surtout des chiens de chasse (galgos et podencos). Ces pauvres animaux souffrent dès leur naissance, c'est leur triste destin dans ce pays : enfermés, entassés dans des box exigus, sans nourriture pour qu'ils puissent courir et chasser davantage. Ces box, pour la plupart, sont à l'intérieur de grottes ou de bunkers bien fermés, sans lumière, pleins de bêtes et de saleté. Et, quand ils ne chassent plus à cause de la fatigue ou de l'âge, ils sont tués sans pitié. S'ils ont de la chance, ils sont abandonnés dans la nature et voués à une fin certaine.

Sur 10 chiens dans les refuges ou les fourrières, 7 appartiennent aux chasseurs, c'est prouvé statistiquement.

Cela étant dit, malheureusement pour une grande majorité des chiens, une mort bien plus atroce et cruelle les attend : pendus dans la campagne de façon rapide, ou avec la méthode dite du "pianiste" ou "piano" (en Extremadura on l'utilise beaucoup) : les pattes arrières effleurent le sol, pour que leur souffrance dure quelques jours de plus. Ils sont aussi attachés à des arbres pour qu'ils meurent d'inanition ou de soif ou jetés vivants dans des puits. HONTEUX ! CRUEL ! INCIVILISE ! D'UNE AUTRE EPOQUE !

Les chasseurs (pas tous mais la plupart) font de l’élevage de galgos illégalement (car la loi de la protection animale interdit leur vente dans les commerces).

Même le galgo qui chasse bien connaît une vie mauvaise jusqu'à son assassinat. Selon un chasseur que j'ai connu : "Une galga sert pour la chasse ou l’élevage 2 ans et un bon galgo 4 ans" ! Qu'est ce qui se passe après ?

Cette situation doit se régler de manière légale et être surveillée par les services vétérinaires et les hommes politiques responsables de la protection et du respect de l’environnement (SEPRONA, gendarmerie, Police et ministère de l’environnement) dans les régions où ces faits ont lieu.

On ne peut pas faire n'importe quoi avec un être vivant et que cela reste impuni. Ce n'est pas juste, ni éthique, ni moral, et encore moins légal. Un contrôle est nécessaire : chip obligatoire, registre où tous les chiens seraient fichés. Si un chien est volé et que la personne porte plainte (comme pour une voiture), si un chien meurt, il faut que soit pratiqué un examen chez un vétérinaire.

Les associations espagnoles sont saturées à cause du grand nombre d'abandons, de maltraitances et de portées indésirables (non-stérilisation des animaux). Les fourrières municipales (subventionnées par l'argent du contribuable) euthanasient des chiens tous les jours. C'est ça un pays cultivé et éduqué ? C'est cela que nous voulons pour notre pays ? Pas moi ! Je suis de plus en plus catégorique quant à la cruauté humaine envers les animaux, dans cette Espagne où, à chaque fête populaire, on jouit de la souffrance animale et où, comme si ce n'était pas assez, on apprend à des générations futures que cela est correct, que cela est notre culture !

Au lieu de cela, on devrait promouvoir, dans les centres éducatifs, des campagnes de prise de conscience pour le respect de la ville, de la nature et de l'animal. Mais on ne parle pas de respect car les animaux ne votent pas et aussi parce que leur bien-être ne rapporte pas d'argent. ILS N’INTÉRESSENT PAS !

Mais si ! Ils sont dignes d’intérêt, ils apportent de l'argent et ils votent car, derrière eux, il y a des milliers de personnes qui votent et qui ne veulent pas d'un pays sous-développé qui ne regarde pas vers des cultures et des civilisations plus évoluées comme les nordiques ou les centre-européennes (pour ne nommer que les plus proches). Nous devons apprendre des meilleurs, pour nous améliorer, et ce raisonnement est valable pour d'autres domaines comme le social, l'économie et la politique d'un pays.

Les députés européens ont envoyé un communiqué à celui qui, à ce moment là, était le président du gouvernement (M. Zapatero) dans lequel on EXIGEAIT la fin de tant de souffrance et de maltraitance, surtout pour les galgos, la race la plus malmenée. Mais il n'a rien fait ,comme on le sait ! Les lois sont faites par les hommes qui les changent quand ça les intéresse. N'OUBLIONS PAS CECI, C'EST IMPORTANT, grâce à des associations animalières à but non lucratif et à des familles étrangères qui collaborent avec nous, en adoptant et en accueillant ceux que nous maltraitons ici sans respect ni conscience, quelques uns (d'un nombre insuffisant malheureusement) sont sauvés.

Ils nous appellent SAUVAGES (quand ils voient dans quel état arrivent nos chiens), nous avons tout fait pour ! L'image de l'Espagne en dehors de nos frontières n'est pas aussi idyllique qu'on l'imagine. On nous considère comme des brutes, des incultes. Je le dis par expérience, suite à des interviews et des conversations avec des contacts étrangers dans mes nombreux voyages à l'étranger.

Nous voulons être européens mais nous sommes à des années lumière de leur éducation et de leur culture. Les entités politiques n'apprennent pas les valeurs. On détruit, on casse, on salit. Des villes et des villages sont complètement abîmés par le vandalisme ou la négligence. C'est la conséquence de ne pas avoir appris le RESPECT et l'AMOUR pour tout ce qui nous entoure. Nous sommes en train de fabriquer une jeunesse qui ne connaît pas la signification de ces mots.

Au risque de paraître démagogues, nous devons créer un monde meilleur entre tous, surtout ceux qui ont les clés pour ouvrir ces portes : la classe politique, nos élus, c'est pour cela qu'ils sont là et que nous avons voté pour eux !

Des événements culturels (art, musique, théâtre, cinéma, sport, etc.) mais PAS la souffrance animale comme objet de divertissement : la fête de l'âne de Peropalo où le peuple s'amuse à asséner des coups à un âne ou la fameuse et polémique fête "del toro de la vega" où 300 inhumains (permettez moi de les qualifier ainsi !) à cheval tuent avec des lances un taureau pendant des longs moments.

Quelles valeurs pouvons-nous inculquer à nos enfants -notre futur- quand ils voient leur parents commettre ces atrocités ? Et, ce qui est pire, qu'ils les qualifient de "traditions". Continuons-nous à tuer les chrétiens dans les cirques romains ? C'était aussi une "tradition culturelle" pendant plus de 10 siècles. Peut-être devrions nous dire, plutôt que tradition, "peur de perdre des électeurs et de l'argent" !

Pour finir, je désire et j'espère que vous prendrez des mesures sur tout ce qui est dit (j'ai confiance en votre sens de l'éthique), car une grande partie de la population est très fatiguée, et honteuse, de tant de maltraitance animale. Malgré notre lutte, nos actions restent limitées, c'est la classe dirigeante qui DOIT et PEUT le faire et nous avons le droit de l'EXIGER ! Nous connaissons les solutions, je vous en donne quelques unes.

"On reconnaît la grandeur et la valeur d'une nation à la façon dont celle-ci traite ses animaux." Ghandi

PS : La différence entre l'homme et l'animal n'est pas l'intelligence mais la cruauté.

Hommage aux milliers de galgos pendus par les chasseurs -Serranillo del Valle