Rapport sur le PCR et la Leishmaniose canine

La sérologie est l’examen biologique le plus répandu dans le protocole du diagnostic de la Leishmaniose canine, bien que parfois ce ne soit pas suffisant. L’utilisation du PCR comme moyen complémentaire est très utile pour confirmer le diagnostic.

 

Nous emploierons le terme « Leishmaniose canine » pour des chiens qui souffrent réellement de la maladie, et le terme « infection » pour des chiens qui sont infectés mais qui n’ont pas développé de signes cliniques ni d’altérations clinico-pathologiques (ceux qu’on appelle des chiens cliniquement sains).

 

Dans les cliniques vétérinaires, il est important de bien diagnostiquer les chiens malades afin d’établir un traitement le plus rapidement possible.

 

Le diagnostic de la Leishmaniose canine doit comporter une bonne anamnèse, un examen physique exhaustif et une série d’examens biologiques (hémogramme, profil biochimique et protéinogramme).

 

En règle générale, la Leishmaniose canine peut être confirmée rapidement et de façon efficace grâce au PCR sur des chiens avec des signes cliniques évidents ou des altérations analytiques graves. Malgré tout, ceci n’est pas toujours possible pour des chiens qui vivent dans des zones endémiques, comme nous en voyons souvent, et qui ont des signes cliniques assez vagues ou qui sont au début de la maladie.

 

Le principal problème réside dans la démonstration de la relation de cause à effet, c’est-à-dire Leishmaniose/maladie, par le biais de la confirmation directe ou indirecte de la présence du parasite. Sans cette confirmation, le risque de surestimer la Leishmaniose canine existe. Avec des chiens qui présentent des signes cliniques, la priorité du diagnostic sera de démontrer la présence du parasite via la sérologie. Selon les résultats obtenus, l’utilisation du PCR est nécessaire.

 

Si la sérologie (IFI) a un taux élevé (4 fois la valeur des normales de chaque laboratoire), on peut diagnostiquer une Leishmaniose canine.

 

Si la sérologie est positive avec un faible taux et un PCR négatif, on peut considérer que le chien est NEGATIF Leishmaniose (on suppose qu’il aura été contaminé par le passé), ou que le chien est positif mais sans signe clinique avéré.

 

Dans ces 2 cas, la surveillance périodique du taux d’anticorps (que l’on espère voir augmenter dans le temps) et/ou la réalisation d’un PCR peuvent être une aide.

 

Le suivi des chiens infectés de Leishmaniose, avec ou sans traitement, devra être réalisé au cas par cas. En général, si le chien est sous traitement contre la Leishmaniose sans aucune autre forme de thérapie, il semble judicieux de procéder à un contrôle à l’issue du traitement parasiticide qui comportera un examen physique et un contrôle basique biochimique et urinaire. Si les résultats sont normaux, ou en voie de normalisation, il faut continuer l’Allopurinol.

Il faudra réaliser tous les 6/8 mois un contrôle avec examen physique, biochimique et urinaire, recherche du taux d’anticorps et évaluation de la charge parasitaire sur les chiens infectés par la Leishmaniose.

 

Bien évidemment, chaque cas est différent, et il faut évaluer la situation du patient et la prédisposition ainsi que la capacité économique du propriétaire pour décider du protocole exact. En fonction des résultats, si besoin, il faudra commencer ou recommencer le même traitement voire même chercher des protocoles alternatifs. Avec des chiens présentant une altération de la fonction rénale, il faut faire un suivi tous les 7 à 10 jours. A la fin du traitement, il faut surveiller le patient beaucoup plus souvent (tous les 1 à 2 mois), conformément à ce qui a été décrit précédemment, et accorder une grande attention aux altérations de la fonction organique.

 

Est-il vrai que la sérologie à elle seule peut donner lieu à des diagnostics erronés d’infections à la Leishmaniose?

 

La recherche d’anticorps anti-Leishmaniose est toujours nécessaire dans le protocole de diagnostic de Leishmaniose canine. Les approches qualitatives (tests rapides basés sur des techniques immunochromatographiques ) peuvent être utiles dans un premier dépistage, mais dans les cas positifs, il faut toujours rechercher le taux d’anticorps via le système IFI dans les laboratoires spécialisés. Les résultats obtenus en sérologie doivent toujours être comparés aux autres résultats (signes cliniques, altérations clinico-pathologiques, détection du parasite).

Des animaux cliniquement sains (d’après l’examen physique et les examens biologiques) avec un faible taux d’anticorps, doivent être considérés comme des cas « douteux ». Si le résultat POSITIF se confirme via un PCR, nous dirons qu’ils sont infectés mais pas malades. S’il est NEGATIF, nous devrons revoir notre diagnostic et trouver d’autres causes possibles.

 

En revanche, le diagnostic de la Leishmaniose est concluant sur des animaux avec un taux élevé d’anticorps (2-3 points au dessus de la normale), et avec des signes cliniques et/ou d’altérations clinico-pathologiques (qui, d’un autre côté, sont très fréquents). Pour ces derniers, il ne serait pas nécessaire d’avoir recours au PCR, vue la confirmation du diagnostic.

 

La sérologie est un des moyens les plus utilisés dans la recherche de Leishmaniose canine. Cette technique nous renseigne sur le taux d’anticorps produits par le patient en présence de Leishmaniose. Le sérum et le plasma sont les tests cliniques les plus utilisés, mais l’interprétation de leurs résultats peut être très difficile.

Les taux sont normalement présentés en dilution (1:80, etc…) ou en pourcentages (150%, etc…). Le problème majeur est que la présence d’anticorps chez un patient n’est que circonstancielle (cela peut signifier que l’animal a contracté la Leishmaniose par le passé), et c’est pourquoi nous ne pouvons affirmer catégoriquement qu’à ce moment précis, le patient est infecté par cet agent pathogène.

Une augmentation de 4 fois le taux de base peut être considérée comme un diagnostic positif dans la majorité des cas cliniques. Ceci dit, la combinaison de la sérologie et du PCR apporte beaucoup plus d’informations que chacune d’elle séparément.

 

Que doit communiquer le vétérinaire au propriétaire d’un chien atteint de Leishmaniose?

 

Le plus important est d’informer le propriétaire sur les caractéristiques de cette maladie chronique qui demande une surveillance accrue (tous les 3-4 mois la 1° année), avec les frais associés qu’elle suppose. Les informer que bien qu’il n’existe aucun traitement efficace à 100%, les protocoles de traitements actuels, s’ils sont bien respectés, permettent une récupération clinique très significative et une bonne qualité de vie dans une grande majorité d’animaux soignés (sauf pour les chiens dont la Leishmaniose est associée à une maladie rénale dont le pronostic est différent selon chaque cas).

 

Par-dessus tout, l’information sur la Leishmaniose canine doit être transmise avec calme et clarté. Actuellement, la majorité des chiens répondent cliniquement bien au traitement, même s’ils sont nombreux à rester indéfiniment infectés. Quoi qu’il en soit, ils sont nombreux à ne plus jamais représenter de signes cliniques, et parfois même, au bout d’un certain temps (1 à 2 ans), on peut supprimer le traitement.

Malgré tout, il y a des patients qui nécessitent un traitement indéfiniment et d’autres qui ne répondent à aucun traitement et que nous devons euthanasier.

 

Un chien atteint de Leishmaniose, sous traitement, et suivi de façon régulière par un vétérinaire a de grandes chances de vivre dans de bonnes conditions durant de nombreuses années. Il faut toujours préconiser la prévention en présence de chiens qui ont été confrontés au vecteur de la Leishmaniose, même s’ils sont déjà infectés ou en traitement.