Pourquoi faire castrer son chien mâle ? Docteur Laurence De Meester - de Courcy, Vétérinaire

1- Pourquoi faire castrer son chien mâle ?


Vous êtes l’heureux ou l’heureuse propriétaire d’un petit toutou mâle, et vous vous posez la question de l’intérêt ou non de le faire stériliser ?


Le but de cet article est de vous apporter les réponses aux questions que vous vous posez.


Il est tout d’abord bon de rappeler que pour les chiens de première catégorie, il est tout bonnement obligatoire (loi du 6 Janvier 1999) de les faire stériliser de manière chirurgicale.


Tous les vétérinaires s’accordent à le dire : pour la santé d’un chien mâle non reproducteur, l’idéal est de le faire castrer. Il est recommandé de faire opérer le chien avant la puberté, c’est-à-dire entre 6 et 8 mois chez les petites races et vers 8 – 10 mois chez les grandes races.


L'impact de la castration sur le comportement du chien


Ce n’est pas un secret, le chien mâle entier (c’est à dire : non castré) est plus fugueur en période de chaleurs des femelles. En plus de ce comportement indésirable, le chien se montre aussi plus irritable, bagarreur avec les autres mâles, il ne vous obéit plus : il passe ses sorties à renifler partout, le nez collé au bitume. Ces symptômes comportementaux sont exacerbés par l’imprégnation de testostérone. Or celle-ci est produite par les testicules chez tous les mammifères mâles.


Outre ces soucis liés au comportement, ce sont surtout des problèmes de santé qui peuvent être épargnés à un chien si on le fait stériliser.


Quels bénéfices pour sa santé ?


Eviter des tumeurs


Il est relativement fréquent chez le vieux chien mâle non castré de voir apparaître des tumeurs testiculaires. Celles-ci, (qui peuvent être bénignes ou malignes, ne se développeront évidemment pas chez un chien mâle castré chirurgicalement puisque l’intervention chirurgicale classique consiste à « enlever » les testicules du chien.


D’autres techniques chirurgicales existent (par exemple la vasectomie = ligature ou résection du canal déférent) mais si elles rendent le chien stérile (car il ne pourra plus produire de liquide séminal), elles ne changent en rien le fait qu’il reste sous imprégnation hormonale et n’apporteront donc aucun bénéfice sur la santé du chien.


Si le chien présente une ectopie testiculaire (s’il est cryptorchide ou monorchide, c’est à dire s’il présente les deux ou un seul testicule intra abdominal), il est même plus que vivement conseillé de le faire stériliser car le risque de développer une tumeur testiculaire est décuplé. En effet, les testicules se trouvant dans l’abdomen seront sur stimulés par le fait d’y être bien au chaud et sécréteront plus de testostérone, ce qui induira un surplus de "travail" pour les cellules et donc un risque accru de développer des tumeurs. De plus, comme l’ectopie testiculaire est héréditaire, on recommande ne surtout pas faire se reproduire ces chiens. Et de surcroit, c’est un vice rédhibitoire.


Des maladies de la prostate


Le chien mâle non castré présente également fréquemment des maladies de la prostate : hyperplasie bénigne, kystes, abcès, prostatites, tumeurs, …


L’hyperplasie bénigne est probablement la plus fréquente mais si elle est n’est pas maligne, elle n’en n’est pas moins à prendre au sérieux. Car elle entraîne :

-  des troubles de la défécation : en effet, la prostate est située anatomiquement juste en dessous du colon distal, et si elle grossit, elle pousse le colon vers le haut, ce qui entraine une constipation "mécanique".

- des troubles urinaires : cystites, difficultés à uriner (car la prostate entoure l’urètre)

- douleurs diffuses liées à la pression de la prostate sur les organes environnants.


Enfin, la castration limite le risque d’abcès et de tumeurs des glandes anales, de développement de tumeurs péri anales et de hernie périnéale.


Pas de portées indésirées


Et puis, bien évidemment, faire castrer son chien l’empêche de se reproduire. Exit donc le risque de portées non désirées !




2- La castration chirurgicale du chien mâle


La technique la plus fréquente de castration chirurgicale du chien mâle consiste à lui enlever ses deux testicules sous anesthésie générale.


Comment se passe la castration chirurgicale du chien ?


Vous fixerez avec votre vétérinaire un rendez-vous d’intervention et vous devrez à priori amener votre chien à jeun ce jour-là.


Votre vétérinaire endormira votre compagnon à l'aide d’un protocole anesthésique adapté à son âge, son poids, sa race et ses antécédents médicaux. Il pratiquera ensuite une incision unique à l’arrière du pénis afin d’extraire par cette même ouverture les deux testicules. L’ouverture sera ensuite suturée sur plusieurs plans. Vous récupèrerez votre chien une fois qu’il sera correctement réveillé de son anesthésie. Selon la technique de suture chirurgicale utilisée par votre vétérinaire, il y aura ou non des fils à faire enlever environ 10 à 15 jours après l’intervention.


En cas d'ectopie testiculaire


Si le chien présente une ectopie testiculaire, c’est à dire si l‘un ou les deux testicules n’ont pas migré dans les bourses, la technique chirurgicale de castration est différente.


Votre vétérinaire recherchera la localisation précise du ou des testicules « manquants ». Ils peuvent soit rester bloqués en région inguinale (dans l’aine), soit rester dans l’abdomen du chien.


Lors d’ectopie testiculaire, la chirurgie nécessitera donc parfois deux ouvertures : une ouverture « classique » pour le testicule en place et une ouverture inguinale ou abdominale pour le testicule ectopique. Le postopératoire sera par contre quasi identique.


D’autres techniques


D’autres techniques chirurgicales existent. La vasectomie, par exemple, consiste à ligaturer ou réséquer le canal déférent (canal qui transporte les spermatozoïdes depuis le testicule jusqu’à la prostate).


Cette technique, si elle rend le chien stérile (car son sperme ne contiendra plus de spermatozoïdes), ne change en rien le fait qu’il restera sous imprégnation hormonale.




3- La castration chimique chez le chien


Un chien mâle peut être castré de manière provisoire, chimiquement, sans passer par la case chirurgie. Il existe différentes molécules et différentes voies d’administration de ces substances chimiques dont l’effet et la durée seront dès lors variables.


On peut castrer chimiquement un chien en lui injectant des progestagènes : cette hormone inhibera les sécrétions stimulant l’axe hypothalamo hypophysaire et, par là-même, la sécrétion de testostérone par son effet anti-androgénique. L’effet de l’injection est variable d’un individu à l’autre mais en règle générale, il se manifeste au bout de quelques jours et se maintient durant quelques mois (entre 1 et 6 mois).


L’implant contraceptif : comment ça marche ?


Depuis quelques années est commercialisé un implant contraceptif.

Il s’agit d’une « matrice » que le vétérinaire va "injecter" en sous-cutané en simple consultation et qui va libérer progressivement et en continu des hormones.


L'implant libère petit à petit de la Desloréline, qui va inhiber la sécrétion de FSH et LH au niveau de l'hypophyse en bloquant l'activité de la GnRH endogène sur son récepteur hypophysaire. A l’issue d’une cascade, la testostérone ne sera au bout du compte plus sécrétée. Et le chien sera dès lors rendu temporairement stérile, au bout de minimum 6 semaines (ou 8 à 12 semaines selon les présentations) pour une première implantation, et ce pendant 6 à 12 mois (et parfois jusqu'à 18 mois, voire plus). Si l’on désire poursuivre l’effet au-delà, il faudra faire placer un autre implant par son vétérinaire, et ainsi de suite.


L’avantage de ces méthodes de castration chimique réside essentiellement dans le fait que leurs effets sont réversibles. Un chien pourra donc reproduire à nouveau une fois les effets dissipés. Ces méthodes pourront également être utilisées dans le cadre de la prévention de maladies prostatiques (comme l’hyperplasie bénigne, par exemple).


Peu d’effets secondaires


L’implant agissant en amont de l’hypophyse, il est tout à fait indiqué avant de réaliser une castration chirurgicale dans un but comportemental, afin de s'assurer que la stérilisation aura des effets concluants. De plus, l'implant présente l'avantage d'avoir peu d'effets secondaires, à part potentiellement un effet appelé "flare up" (excitation exagérée) durant les 2 à 3 premières semaines. Cet effet n'est pas du tout systématique, et l'excitation disparait entièrement au bout de 2-3 semaines.


Les injections de progestagènes présentent l'avantage d'avoir un effet plus court, mais le risque d'effets secondaires est plus important (polyphagie, diabète, tumeur mammaire chez le male, non retour de la spermatogénèse, ...).


Docteur Laurence De Meester - de Courcy, Vétérinaire