Compte-rendu séance parlement européen du mardi 11 juin 2013

Le parlement Européen :

 

- vu de l’extérieur, un paquebot métal et verre échoué en pleine ville.

- Vu de l’intérieur : un labyrinthe métal et verre. Pas cool pour les terrorisés de l’ascenseur, car c’est le seul moyen d’accéder aux différents niveaux du bâtiment. Les escaliers sont réservés, j’ai cru comprendre, uniquement aux situations d’urgence.

 

Dans tous ses états la déléguée GF Yonne ! Après avoir jardiné (comprendre : s’être perdu) – une fois de plus – dans Strasbourg, j’arrive avec cinq minutes de retard, en nage, essoufflée, mais soulagée.

Notre délégation compte vingt-sept représentants. Dûment pris en main par le collaborateur de Michèle Striffler, nous passons le contrôle et nous nous voyons remettre un badge autocollant.

 

Après maints tours et détours et attente patiente au pied des ascenseurs en verre ( ouf ! Au moins, on voit clair) qui sont toujours pleins à craquer, nous pénétrons dans la salle de réunion qui nous a été dévolue. Une odeur de plastique neuf nous prend à la gorge.

 

Si le texte qui suit vous paraît quelque peu décousu, c’est que j’ai fait le choix de vous rapporter ce qui s’est dit au cours de la séance dans l’ordre chronologique.

 

Pour entrer dans le vif du sujet, il n’y a pas eu de « combat », faute, non pas de combattants, mais de combattus.

Déception.

 

Pas un seul eurodéputé français ou autres n’a pointé son nez. Mardi, se tenait une assemblée plénière au parlement. Le prétexte, semble-t-il était tout trouvé pour éviter de se rendre à notre réunion. Et il faut avouer, qu’au niveau de l’Europe, il y a de bien plus graves affaires à traiter que celle de milliers de lévriers massacrés chaque année. Vous trouvez mes propos teintés, d’amertume ? Vous avez raison, car ils le sont bel et bien.

 

Seul signataire de la déclaration présentée par Michèle Striffler pour l’Espagne, qui compte cinquante-quatre députés, monsieur Santiago Fisas Ayxela est venu passer une heure avec nous. Chaudement applaudi lors de son entrée dans la pièce, cet homme courageux a beaucoup échangé avec les espagnoles présentes et s’est prêter très volontiers à son rôle de traducteur improvisé pour la circonstance.

 

Roumains et bulgares refusent de signer, à l’exception d’un seul, qui tout comme monsieur Fissa, se fait taper sur les doigts par ses pairs.

 

Tous les signataires de la déclaration ont été invités par MS : un seul donc a répondu présent.

 

La manifestation du samedi huit juin a beaucoup fait parler les gens et elle a aussi été évoquée au sein même du parlement. Apparemment beaucoup d’eurodéputés ne connaissaient pas le calvaire des lévriers.

 

Pour obtenir gain de cause, il sera nécessaire d’obtenir 380 signatures lors du vote. Les euros députés sont au nombre de 752. Une centaine de signatures a déjà été obtenue. Le dernier délai est en date du 14 juillet prochain.

 

« Ce n’est pas gagné, mais rien n’est perdu », dixit MS. Celle-ci ne paraît pas très optimiste. En cas d’échec, il serait inutile de faire une nouvelle tentative avant dix-huit mois, laps de temps qui nous sépare des prochaines élections européennes. Car, comme le souligne MS, il ne faut pas s’y tromper : c’est la pression électorale qui pourra faire pencher la balance en faveur de l’adoption de la déclaration. Or, les militants et sympathisants de la cause animale sont plus nombreux que les chasseurs. Comptes d’apothicaire, certes, mais après tout : qu’importe les raisons qui inciteront les eurodéputés à signer : le tout c’est qu’ils signent ; le reste, c’est de la littérature.

 

Monsieur Fisas dit que beaucoup de personnes dans son pays pensent que la maltraitance des galgos fait partie du passé, que cela n’existe plus. En même temps, il y a aussi de plus en plus d’espagnols qui sont sensibilisés à ce problème.

 

Il explique qu’il est à contre-courant. Il est anti-corrida. Il n’est pas tellement confiant quant aux résultats du vote. Il pense que les eurodéputés font l’amalgame entre chasse et maltraitance des galgos. Cela dit entre nous, comme l’un et l’autre sont tout de même liés, il est difficile de faire autrement.

 

Monsieur Fisas évoque aussi la fierté espagnole. D’après lui, le risque est grand de provoquer un effet contraire à celui recherché, si l’on pousse trop l’Espagne dans ses retranchements.

 

Madame Striffler va faire parvenir aux associations du collectif un modèle de courrier modifié à faire parvenir aux eurodéputés de chaque circonscription. Les élus locaux : maires, députés, etc. peuvent aussi être sollicités. Ils ne peuvent voter mais peuvent peut-être influer sur le vote des eurodéputés.

Envoyer impérativement ce courrier avec enveloppe MANUSCRITE portant la mention PERSONNEL. Chaque eurodéputé reçoit des centaines de courriers journellement. La lettre devra aussi être manuscrite.

 

Le maître mot c’est la pression du vote. «Je ne vois pas d’autres moyens» dit MP.

 

Michèle Striffler a adressé ses remerciements au CREL pour l’organisation de la manifestation du samedi ainsi qu’à toutes celles et ceux qui se sont déplacé(e)s pour y participer.

 

Donc, cette réunion a tourné court en ce sens qu’elle s’est résumée à une réunion entre les délégué(e)s des différentes associations présentes. Dans la mesure où le débat n’a pu avoir lieu, faute d’eurodéputés, je ne suis pas intervenue. A quoi bon ? J’ai seulement signalé que les galgos n’étaient pas les seuls à souffrir en Espagne, et qu’en France, la loi considère toujours les animaux domestiques comme des meubles.

 

Le texte réécrit trois fois de suite n’a pas été lu. Pas de tour de table où chacun aurait pu se présenter ou présenter son association, pas de temps de parole imparti à chacun.

 

Cela dit, quelques interventions ont apporté des infos intéressantes.

 

Pour que la commission en charge du bien-être animal au Parlement puisse intervenir, il faut qu’il y ait – obligatoirement – activité économique. Le mot est lâché. Il faut parler d’argent.

 

Donc, au niveau de l’Espagne, il est impossible d’en faire la preuve. Le commerce des galgos se fait au noir. Les chiens à vendre sont « entreposés » !!! dans des bunkers situés au sein de propriétés privées. Autant dire que la police n’y a pas accès. Le marché noir parfaitement illégal dans toute sa splendeur...

 

J’ai appris à cette occasion, un nouveau terme espagnol détestable : les trafiquants de galgos se nomment les galguedos.

 

Comme le signale Letty, une anglaise, au niveau de l’Europe, la preuve d’une activité économique sur ce plan peut-être établie par le biais de l’Irlande et de l’Angleterre. Dans ces deux pays, le commerce des lévriers est officiel et se fait au grand jour, les vendeurs ont pignon sur rue. L’IGPI est l’organisme organisateur de courses de lévriers en Irlande et en Angleterre. On pourrait obtenir de ce fait un effet domino au niveau européen dans son ensemble, qui arriverait jusqu’en Espagne.

 

L’italienne Rebua Luisa, qui travaille avec diverses associations de PA mais refuse d’adhérer à aucune, afin de garder du recul, a été elle aussi chaudement applaudie. Elle a plaidé, avec beaucoup de chaleur et de conviction, pour le délaissement des luttes intestines entre certaines associations. Elle prône la création d’un collectif européen. Les galgos ne sont pas les seuls qui souffrent. Elle a judicieusement fait remarquer que chaque pays d’Europe devrait « balayer » devant sa porte. Elle dit qu’elle a vu dans le sud de l’Italie des fourrières pires que les perreras. Je n’ose imaginer ce que cela peut être ! Elle a souligné qu’en Angleterre, en Irlande et en France même, le sort des lévriers utilisés pour les courses n’est guère enviable. Les plus performants vivent dans des cages quand ils ne courent pas ou ne s’entraînent pas et sont mis au rebut (on sait ce que cela veut dire) quand ils ne sont pas, ou plus des gagnants.

 

Pour réussir à faire changer les mentalités sur le long terme, chacun(e) est tombé(e) d’accord que c’est par l’éducation des enfants qu’il faut passer. Il faut les sensibiliser au sort des animaux, leur apprendre qu’eux aussi peuvent souffrir, ressentir, avoir des sentiments.

 

En bref, votre déléguée Yonne n’a rien eu à défendre. Merci à toutes celles et ceux qui m’ont fait confiance et m’ont encouragée. J’ai le sentiment pénible d’avoir failli à la tâche et m’en excuse platement auprès de vous. Pour résumer, j’ai eu l’impression que cette réunion était un coup d’épée dans l’eau. Comme je le disais plus haut, elle a tourné court. Le débat n’a pu avoir lieu. Et cette indifférence de la part des cent signataires de la déclaration présentée par Michèle Striffler me fait aussi l’effet d’un camouflet à son endroit. En tout cas, encore merci à la marraine du CREL d’apporter son soutien à notre lutte.

 

Dominique.

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Commentaires: 6
  • #1

    corinne28 (vendredi, 14 juin 2013 21:07)

    Chère déléguée Yonne, pas de découragement à vous, mais plutôt un grand merci. Il faudra encore du temps mais la bataille n'est pas terminée ! A chacun d'entre nous de faire connaître le l'histoire de nos galgos qui reste bien méconnue encore merci !!!!

  • #2

    spirou (samedi, 15 juin 2013 00:17)

    Merci pour votre volonté et votre courage, il y a encore du chemin, mais à force d'avancer mètre par mètre à la fin vous passerez "la ligne d'arrivée", et je constate que et comme toujours le mot "argent" est arrivé sur la table, c'est dommage mais c'est encore ça qui gouverne. Allez courage, rien n'est fini!!!!!!!!!!

  • #3

    Cadaux Sophie (samedi, 15 juin 2013 00:24)

    Merci pour ce compte-rendu et ce témoignage. C'est vrai que l'on est tenté, comme vous-même avez pu l'être un instant, d'être désabusé. Mais votre action touche au changement des mentalités (ce qui parfois, malheureusement, demande des années avant de voir apparaître les premiers résultats) et, surtout, va à contre-courant d'une société occidentale devenue assez globalement indifférente, consommatrice de plaisirs immédiats, matérialiste, individualiste. Qui plus est parler de souffrance, de torture, de malheur est aujourd'hui tabou. L'indignation contre toute misère, humaine et animale, contre les outrages faits à la nature, est dangereuse pour les politiciens et professionnels de la "politique" financière européenne ou occidentale. Seules comptent parfois les émotions d'un instant, mais cela ne dure qu'un "instant médiatique", et ainsi quelques euro-députés reviennent sur le devant de la scène pour ensuite, à nouveau se laisser happer par "le Machin". Au plan politique, je pense que seule la toute-puissance d'un lobby européen et/ou occidental défendant le statut de personne de l'animal, de tous les animaux, porté par une toute-puissance financière, à l'image de certains lobbies américains, pourra, à terme, aboutir au changement des mentalités et imposer par la LOI ce changement. Mais surtout, comme vous l'écrivez si bien, seul le travail de fond, touche après touche, par l'éducation des plus jeunes, provoquera le changement le plus permanent. Car c'est l'enfant qui aujourd'hui éduque ses parents : un exemple s'il en est, le tri sélectif. A nous donc, parents, enseignants, éducateurs..., d'avoir le courage de prendre aussi le relais, et dès le plus jeune âge, de faire découvrir aux plus jeunes générations la nature et ses habitants à poils, à plumes, à écailles... et leurs droits inaliénables d'êtres vivants. Ce combat s'inscrit dans la durée, et la prise de conscience a déjà commencé. Il s'agit donc de ne pas renoncer au combat, et oui, de diffuser par l'image et par l'écrit, vos histoires, celles de vos galgos mais aussi les vôtres, car vous êtes des exemples de beauté et de générosité dans l'action et cela s'inscrit dans les mémoires, définitivement. Nous devrions tous, publier dans une grande oeuvre collective qui s'imposerait au monde nos textes, nos histoires, celles de nos vies et celles des vies de nos compagnons à 4 Pattes. Nul besoin d'éditeurs ou de maisons d'édition puisque nous pouvons utiliser à peu de frais l'outil formidable de l'auto-édition numérique (amazon kindle, par exemple). Cela démontrerait par l'irrésistible puissance des mots combien l'animal est intégré, inclus, participatif et acteur dans nos sociétés et combien sa présence aimante, vivante, vibrante et confiante impacte profondément nos vie d'hommes. Non plus comme un outil ou comme un meuble, mais bien comme un compagnon et un partenaire de nos vies. A mon sens, c'est parce que votre combat paraît être celui du pot de terre contre le pot de fer, qu'il portera au final les plus beaux fruits. Et dans cette attente, continuons d'apporter nos petites pierres à l'édifice, car chaque action sauve une vie. Et pour cela, HONNEUR à vous et nous ne pouvons vous dire que MERCI Yonne.

  • #4

    ALAIN (samedi, 15 juin 2013 09:48)

    Rien à ajouter à ce qu'écrivent Sophie, Spirou et Corinne : la résistance est toujours minoritaire. Mais que penser de ces parlementaires européens si indifférents ? Nous leur rendrons leur mépris le moment voulu. Amitiés solidaires.

  • #5

    Evelyne (54) (lundi, 17 juin 2013 08:23)

    Quoi qu'il arrive, nous nous battrons encore et encore pour faire céder ces "eurodéputés" qui sont censés nous representé!
    Nous ne cederons pas , au nom de tous les loulous déjà sauvés et ceux à venir

  • #6

    quignon (lundi, 17 juin 2013 08:33)

    Baisser les bras serait la pire des choses. Merci Madame la déleguée.