Iset, ou comment la solidarité peut soulever des montagnes...

Tout commence par un message reçu sur Facebook il y a quelques semaines, nous demandant de l'aide pour capturer et recueillir une jeune podenca dans la région de Grenade.

Enrique, un franco-espagnol installé là-bas depuis qu'il est à la retraite, a pris sous son aile une podenca rejetée de tous et affamée. Tous les jours depuis début août, il nourrit cette petite, la Chica, comme il l'appelle affectueusement, en cachette, car ses voisins la rejettent et souhaitent l'attraper pour l'amener à la perrera. Enrique sait très bien le sort qui lui est réservé là-bas alors il remue ciel et terre pour trouver une association espagnole ou étrangère qui pourrait la recueillir... Mais aucune ne répond et les refuges sur place sont hyper saturés...

 

Enrique est désespéré et en parle à Michèle... Michèle; doit-on encore la présenter? Michèle, c'est cette petite fée qui vous appelle un jour alors que vous cherchez désespérément un hébergement pour vingt chiens dont le camion arrivant d'Espagne est tombé en panne en région parisienne, bien loin de sa destination finale, l'Ecosse, et qui vous dit: « Amenez-moi les, je peux les héberger tous, y compris les chauffeurs ». Elle vous annonce ça alors qu'elle ne vous connaît pas, pas plus que cette association au camion en panne... Mais Michèle ne se pose pas ce genre de questions, elle répond à l'urgence, c'est tout.

 

Alors quand Enrique nous contacte de la part de Michèle, nous non plus, on ne se demande pas qui est Enrique, ni comment nous allons l'aider, mais on dit simplement: « Oui Enrique, on va vous aider »... N'ayant pas de refuge partenaire dans la région de Grenade, nous sollicitons d'autres associations amies, et c'est Guy, de Galgos Sans Famille, qui va nous donner le contact du refuge de Las Torres de Cotilla près de Murcia. Oui, Murcia, c'est loin de Grenade, mais Enrique est prêt à faire de la route pour mettre sa Chica à l'abri. De son côté, Alicia, la présidente du refuge saturé de Las Torres, nous assure qu'elle poussera les murs pour la recueillir, alors qu'elle non plus ne nous connaît pas, « Oui, mais vous, les Français, vous aidez beaucoup nos chiens espagnols, alors on veut vous rendre la pareille ».

 

Ce sauvetage semble bien engagé: la Chica a un hébergement prévu, il ne reste plus qu'à la capturer, ce qui n'est jamais gagné avec ces chiens en fugue qui développent un instinct de survie qui les éloigne volontairement des humains. La Chica autorise Enrique à assister à son repas, mais elle ne se laisse pas approcher. Enrique profite de cette confiance pour glisser dans sa gamelle un anti-parasitaire. Il fabrique une cage pour la capture et la belle accepte même de manger à l'intérieur alors que celle-ci n'est pas encore terminée. Mais un soir, le vent vient claquer la porte ; c'est terminé, la Chica refusera désormais d'y pénétrer. Enrique, patient, recommence son travail de mise en confiance et il filme sa protégée pour nous montrer comme elle est belle... Il a hâte de la capturer pour la faire stériliser avant de l'amener au refuge de Murcia.

 

Alicia remarque immédiatement sur les vidéos le gros ventre qu'elle porte avec difficulté et qu'Enrique croyait dû aux copieuses gamelles qu'il lui offrait. La capture devient plus qu'urgente; cette chienne est sur le point de mettre bas, ce n'est qu'une question de jours ! Malheureusement, le refuge d'Alicia n'est pas du tout adapté pour une chienne gravide, ni pour des chiots, et il n'est plus possible de la stériliser dans son état.

 

Nous demandons alors de l'aide à nos refuges partenaires, bien plus éloignés de Grenade, mais nous n'avons pas le choix.

 

Carolina, la responsable du refuge Hogar de Paz à Tarancon, avec qui nous avons  récemment commencé un partenariat, est très émue en visionnant la vidéo de cette pauvre petite podenca en détresse et nous propose immédiatement d'accueillir toute cette future famille chez elle, dans sa maison, loin de toutes les maladies fatales à des chiots de cet âge-là. C'est inespéré, aussi nous nous engageons à supporter tous les frais.

 

Reste à capturer notre future maman. Plus question de cage-trappe, mais alors comment ?

 

Alicia, qui n'a pourtant plus aucune raison de nous aider, contacte un spécialiste très réputé en Espagne: Vicente de SOS RESCUE. Il est de Madrid, mais n'hésite pas à sillonner les routes espagnoles pour capturer des chiens que personne ne peut approcher. Il a développé des techniques de capture très poussées et adaptées à chaque cas. Mais surtout, Vicente le fait bénévolement, oui, sur son temps libre.

 

Vicente avait donc prévu de venir le dimanche suivant, mais les dernières vidéos l'ont convaincu que la Chica allait sûrement mettre bas avant qu'il ne puisse la capturer... Le stress était à son comble pour Enrique qui culpabilisait de ne pas avoir vu plus tôt que sa Chica attendait des bébés, et de ne pas avoir trouvé de solution de capture plus tôt. Comment vous en vouloir, Enrique? Vous qui chaque jour depuis deux mois, êtes la seule chance de survie de cette podenca, alors que tous les voisins n'ont qu'une hâte, qu'elle disparaisse ? Nous essayons de remonter le moral d'Enrique, pleins de doutes sur la réelle venue de Vicente... Pourquoi ce Vicente viendrait-il ? Par le passé, les Espagnols à qui il a demandé de l'aide n'ont rien fait... Des doutes sur l'avenir de sa Chica qu'il ne peut pas prendre chez lui car il a déjà recueilli d'autres chiens... Des doutes sur la réussite de la capture; et si la podenca, effrayée, s'enfuyait encore plus loin ?

 

Vicente finit par avancer sa venue au vendredi. Auparavant, il a demandé à Enrique de préparer le sol où la podenca vient manger, afin d'y installer son « piège ». Il arpente avec Enrique le verger où la Chica a l'habitude de dormir. Curieusement ce soir-là, elle n'est pas venue manger la gamelle d’Enrique. Ce n'est pas normal, elle n'a jamais loupé un seul repas depuis deux mois... L'angoisse est à son maximum. Tous deux sillonnent les environs...

Elle est là, enfermée dans un jardin ! Affolée d'être poursuivie, elle tente de s'échapper, mais la dextérité de Vicente fera le reste. La Chica a été capturée !

 

Fou de joie, Enrique, malgré l'heure très tardive, ne peut s'empêcher de nous envoyer la photo de la victoire. Nous étions sur le chemin du retour, ramenant les chiens adoptés de Cuenca, et cette merveilleuse nouvelle nous a tenus éveillés tout le trajet jusqu'en France. En la voyant en chair et en os, Vicente trouve qu'elle n'est pas si grosse qu'il n'y paraît et que la naissance n'est pas pour tout de suite.

 

Après la capture d'un deuxième chien et une fin de nuit de repos, Vicente repart sur Murcia pour enquêter sur un cas de maltraitance. Il transporte la Chica dans sa voiture pour la ramener à Tarancon où l'attend Carolina... Mais l'observation de ses mamelles qui se gorgent de lait ne lui laisse aucun doute: la Chica avait forcément mis bas juste avant la capture !

 

Vite, Enrique devait impérativement retrouver ses bébés qui étaient peut-être morts de faim et de froid après leur première nuit sur terre passée sans leur mère qui devait être morte d'inquiétude pour sa progéniture.

 

Cette histoire ne pouvait pas mal finir, et c'est attiré par les cris des bébés affamés qu’Enrique a trouvé la portée de dix chiots ! Un n'avait pas survécu, peut-être était-il mort-né, car la Chica était bien trop jeune pour être maman et cette portée était bien trop grande pour son si petit corps.

 

La course contre la montre avait commencé pour nourrir ces neuf bouches: trouver du lait maternisé et acheminer les petits sur Tarancon plus tard ou bien amener les petits à leur mère qui était déjà bien loin? Vicente n'a pas hésité à rebrousser chemin pour venir à la rencontre d’Enrique, permettant ainsi aux bébés de pouvoir téter au plus vite. La famille était à nouveau réunie et il fallait avoir un cœur de pierre pour ne pas être ému jusqu'aux larmes par cette scène d'une tendresse absolue.

 

La Chica et ses petits pouvaient enfin rejoindre la maison de Carolina pour se reposer de cet épisode de leur vie qui restera gravé dans toutes les mémoires. Les petits, quatre femelles et cinq mâles, pourront rester là jusqu'à l'âge des vaccins. Trois d'entre eux n'ont pas de queue et Carolina soupçonne la Chica de la leur avoir coupée à la naissance, comme cela arrive parfois avec des chiennes beaucoup trop jeunes et inexpérimentées.

 

Sa douceur et son dévouement envers ses petits poussent Carolina à changer le nom de la Chica en Iset, déesse égyptienne de la maternité, sous la bénédiction d’Enrique qui prend régulièrement des nouvelles de ses petits qu'il ne verra pas grandir. Iset lui manque déjà terriblement car il s'est soucié d'elle pendant ces deux mois. C'est promis, Enrique, vous aurez autant de nouvelles que vous le souhaitez, et nous nous engageons à trouver la meilleure famille pour chacun d'eux, ainsi que pour cette maman courage.

 

Sans l'incroyable solidarité et fraternité entre associations et sans Enrique qui n'a pas détourné son regard le premier jour où il l'a vue, Iset ne serait qu'une chienne errante de plus dans les rues de Lobres qui n'aurait peut-être pas mené sa grossesse à terme, trop affamée, sans cesse sur le qui-vive...

 

Enrique de Lobres

Michèle de Paris

Guy de Galgos Sans Famille

Alicia de Las Torres de Cotilla

Carolina de Hogar de Paz

Vicente de SOS RESCUE

Galgos France

 

Ensemble, on est plus fort ! 

 

Si vous souhaitez participer aux frais de ce sauvetage, merci de préciser : « Pour Iset et ses bébés » :

  • soit par Paypal en vous rendant ICI,
  • soit par chèque à l'ordre de Galgos France à l'adresse suivante : 3 Place des Chênes 40180 Saugnac et Cambran 

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Commentaires: 4
  • #1

    Tesa (dimanche, 14 octobre 2018 13:48)

    Petite pepette même pas encore adulte et dejas mère et dix bébés .Neuf vivant dans ces conditions ça tient de l'exploit pour cette jeune chienne ,une force de la nature,heureusement que sa route a croisé celle de bonnes âmes..
    Bravo à toutes ses associations,refuges,personnes qui ont contribué au sauvetage de cette petite famille nombreuse. Tout ce petit monde avec ou sans queue trouvera sa famille perso .
    Iset tu es une héroïne Chica!

  • #2

    VIVAS Enrique (dimanche, 14 octobre 2018 18:01)

    Malheureusement ce genre d'histoire pourrait se répéter ici en Andalousie autant de fois qu'on le souhaiterais, mais que voulez, nous les particuliers nous ne pouvons tendre la main à tous les détresses animales qu'il y ici, il y en a tant, c'est un fléau national, surtout envers les Galgos et les Podenco qui ne sont pas considérés comme des chiens de compagnie mais comme des objets destinés à la distraction et au loisirs de certains, lorsque ces chiens ne correspondent pas à ce qu'on attend d'eux dés les premiers mois de leur existences, ils sont jetés voir tués, c'est certainement sans aucun doute ce qui est arrivé à ISET, moi même j'ai vécu une histoire identique il y a deux avec une Podenca abandonnée à l'âge de 4/5 mois que j'ai adopté, un bébé quoi; d'aucun disent que les mentalités vont s'améliorant, j'y crois pas du tout je crois même que les égoïsmes s'aggravent très certainement du au problèmes économiques que les gens rencontrent.

  • #3

    marie-helene (lundi, 15 octobre 2018 12:15)

    oui la solidarité soulève des montagnes ! quelle belle chaine de solidarité, quelle joie que tout finit bien pour elle et ses petits; quel dommage lorsqu'on pense à toute cette souffrance ...
    ma petite aide financière part dans la semaine.Malheureusement on ne peut pas tous les adopter, ni aider financièrement tous ceux qui en ont besoin, c'est vrai pourquoi l'aiderai Iset et je n'ai rien fait pour Zampo ...je devrai culpabiliser, alors que ceux qui devraient culpabiliser ce sont les autorités qui ne font rien pour changer la vision des galgos, podencas et autres qu'en ont une certaine frange de la population espagnole et ne réprime pas toutes ces maltraitances ...bon j'espère que Galgos a pu couvrir les frais pour Zampo ...

  • #4

    DOMINIQUE COLLARD (lundi, 05 novembre 2018 16:32)

    C'est magnifique. Ça fait chaud au coeur. Depuis que je connais le drame des galgos, je me suis promis d'en adopter un quand je serais en retraite. Voilà je serais en retraite en mars alors je compte prendre contact avec votre association au début de l'année. Cordialement. Mme collard. Reims. Marne