Récit du voyage de décembre par Anny, déléguée du Tarn

Un voyage en Espagne comme le nôtre commence quelques semaines auparavant ; on pourrait presque dire qu’il commence déjà pendant le voyage précédent, car nous en discutons avec les bénévoles du refuge, essayant de faire coïncider au mieux notre périple avec leur planning et avec les fêtes de Cuenca qui sont nombreuses et qui pourraient nous pénaliser (administrations en vacances, vétérinaires pas disponibles pour les derniers contrôles, saturation du trafic routier et des hébergements...).

Ce voyage de décembre est toujours particulier, car c’est le premier trajet au cœur de l’hiver, avec les surprises météorologiques qui vont avec, et nous avons surtout l’impression d’être les rennes du Père Noël avec tous les colis que nos chers adhérents envoient à nos bénévoles espagnoles. C’est donc forcément le sourire aux lèvres que nous prenons le volant, Norbert et moi, vers 7 h, comme d’habitude (parfois certaines habitudes méritent de perdurer…).

Nous faisons confiance à Corinne qui a tout préparé, là aussi, comme d’habitude..!... Oups..! On a failli oublier la carte bleue..! Notre GPS ayant mystérieusement disparu après le dernier voyage,  nous faisons confiance à notre sens de l’orientation, et aux souvenirs des trajets précédents… Sauf que je suis censée être la plus ancienne, avec 5 voyages à mon actif, et que je ne me souviens pas être passée par les mêmes endroits à chaque fois… Bon, une bonne carte routière fera l’affaire, et Céline et moi avons notre BTS Tourisme, quand même, ce serait un comble si on ne retrouvait pas notre chemin..! Nous ferions la risée de nos anciens camarades..! Et puis tous les chemins ne mènent-ils pas à Cuenca..?... à Rome ? Oui, enfin, c’est pareil, à Cuenca aussi, des miracles se produisent..!

Nous récupérons donc Céline chez elle, près de Dax, et l’aidons à charger les fameux colis de Noël, car, petite précision, Céline est notre vice-présidente, et future présidente par intérim quand Corinne (notre actuelle présidente) décidera de prendre le large avant la fin de son mandat…. Vous suivez toujours ?

Nous avons le grand plaisir d’être accueillis (oui oui, accueillis..!) par le timide Marek, dont la fugue nous avait terriblement inquiétés en septembre dernier. Il est actuellement en famille d’accueil chez Céline… et si on s’y met tous, peut-être que son mari sera d’accord pour que Marek y élise domicile pour de bon… car son petit regard me dit qu’il aurait bien envie de rester là… à suivre…

La cheftaine connaissant la région comme sa poche, nous lui laissons le volant. De plus, Norbert a déjà conduit non-stop depuis Mazarin, et j’ai moi-même quitté mon domicile à 3h30 pour rejoindre Mazarin… Un voyage comme celui-ci n’est pas de tout repos, loin de là…! La pluie nous accompagne jusqu’à Vitoria. Nous préférons passer par Madrid pour éviter les Pyrénées suite aux dernières chutes de neige de la semaine. 

Le camion et ses 300000 km largement dépassés, roule allègrement. Nous privilégions les routes gratuites, car il n’y a pas de petites économies… Aussi, il est temps de sortir la carte routière de la boîte à gants… Oh! Ginette, notre GPS…! Elle n’avait donc pas disparu..! Nous la branchons pour lui faire plaisir, car c’est un peu notre troisième copilote à nous…!

Comme notre estomac crie famine, nous en profitons pour donner à boire à notre bolide… Mmmmh… Dois-je vous raconter cet épisode qui semble si anodin ? Il pourrait décrédibiliser une certaine personne… Oh ! Et puis tant pis, il nous a bien fait rire, et puis je ne suis pas en reste non plus, alors autant que vous en profitiez aussi et que vous sachiez à qui vous avez affaire…!

Céline est au volant, elle fait donc le plein… enfin, elle essaie de faire le plein. Une fois que nous nous mettons d’accord sur le type de carburant à prendre, elle empoigne le pistolet en nous faisant remarquer que ces Espagnols ont tout prévu, il y a même un gantelet intégré au pistolet du Diesel, pour ne pas se salir les mains…! Mais le carburant ne veut pas couler… En bonne hispanophone, je demande à la caissière s’il faut payer avant… Non, il faut juste attendre quelques secondes. 

Sauf que ça ne marche toujours pas… La caissière, très aimable, sort (malgré le froid) pour nous montrer comment cela fonctionne…. J’en profite pour lui expliquer la signification du terme «blonde» en français… (Céline est blonde, pour la petite histoire).

La caissière nous désigne alors ce fameux «gantelet» où il est écrit en rouge: «pompe HS»..!

Explosion de rires collégiale… Pour éviter de faire une marche arrière, la caissière nous propose de tirer le tuyau de la pompe d’à côté… et Céline fait le plein avec la main qui ne porte pas de gant en plastique (pendant que l’autre main est bien protégée, pour rien.. !) Elle est blonde, on vous dit..!

Je continue de me moquer de notre future présidente en allant payer… Je fais le code que j’ai fièrement retenu (un exploit)… 1 fois, 2 fois… Bon, je décide d’arrêter et de téléphoner à l’actuelle présidente (Corinne), sous le regard finalement très inquiet de la caissière… (ça va bien, les blondes…). Ce n’est donc pas la carte bleue de d’habitude (je ne vous avais pas dit que certaines habitudes méritaient de ne pas être changées?). Je paie rapidement et repars en me faisant encore plus petite que je ne suis déjà…!

Voilà une anecdote que cette caissière pourra raconter pour animer ses soirées de fin d’année… Désolées d’avoir ruiné la réputation des Français… et des blondes, par la même occasion..!

Le reste du voyage se passe ensuite sans encombre malgré un ralentissement vers Madrid, et nous arrivons à l’appartement à 20 h 30. Le temps de sortir les cadeaux qui seront distribués pendant le repas, nous voilà au restaurant qui est à 2 pas.

Là, nous attendent Maria Jose Collado, Maria Jose Moya, Veronica, Constan (la comptable) et Puri, que je rencontrais pour la première fois. Puri est une ancienne bénévole depuis les débuts de Cuencanimal, il y a environ 15 ans. Elle en fait toujours partie, mais plus en retrait… Comme elle le dit : « Mercedes et moi avons créé et développé cette association, c’est notre bébé, maintenant, c’est bien de passer le relais. Place aux jeunes, c’est une belle équipe soudée ». On sentait sa gorge serrée en nous évoquant quelques souvenirs avec Nelly, comme sa première venue à Cuenca, il y a maintenant 10 ans. Depuis, ce sont près de 2500 chiens qui ont été adoptés par Galgos France (vous avez bien lu 2500).

Les larmes qui sont versées au cours de ce repas sont toujours communicatives. C’est un moment d’intense fraternité et de confiance mutuelle. Il règne une osmose, une chaleur, une joie mêlée à l’appréhension de la séparation proche. C’est vraiment un moment très particulier que nous chérissons et qui passe toujours trop vite. Il illustre à la perfection notre étroite collaboration. 

Mais n’oublions pas les cadeaux..!

«Que ces boucles d’oreilles m’iront parfaitement, même s’il me sera impossible de les porter au refuge..!», dit Maria Jose Moya.

«Du caramel au beurre salé ? C’est bizarre, quelle idée… Mmmmh, mais c’est délicieux », dit Maria Jose Collado..!

«Oh ! Du vin français..! Il sera du plus bel effet sur ma table de réveillon..!», dit Puri.

«Voyons le goût de ce chocolat ?… Quelle merveille..!», dit Constan.

«Et ces petits gâteaux ?... Oh ! Vos friandises françaises sont tout simplement incroyables», dit Veronica.

«Et ce châle ? Tricoté main ? Il me va à ravir, j’adore… !», dit Maria Jose Collado. «Je veux le même en bleu..!», dit Veronica….

Mais le plus beau cadeau, celui qui fait pleurer à chaudes larmes, celui qui est inestimable, celui qui reste gravé, celui qui a le meilleur goût, celui qui les aide vraiment à continuer, ce sont les photos des adoptés, avec un petit mot, une vidéo… Là, nous voyons un autre regard sur leur visage. Il s’illumine, il s’attendrit, il s’émeut… il s’effondre parfois… 

Nous ne pourrons jamais complètement les comprendre, car elles ont un lien tellement particulier avec ces chiens qu’elles ont parfois capturés elles-mêmes avec la cage-trappe à télécommande (comme les pros).

Ce sont elles qui ont dû affronter l’indescriptible horreur lors du sauvetage. Ce sont elles qui ont insufflé à ce chien effarouché la confiance en l’être humain. Ce sont elles qui ont appris à connaître et pris en compte chacune de ses différences afin d’offrir à ce chien le meilleur environnement possible au refuge. Ce sont elles qui ont eu la patience infinie pour que ce chien se laisse approcher, caresser, soigner. Ce sont elles qui se sont inquiétées à chaque fois que l’un d’eux est tombé malade. Elles qui se sont émues de chaque progrès effectué. Elles qui ont été effondrées lorsqu’elles arrivaient trop tard pour sauver ce chien qu’on leur avait signalé…

Alors ces photos qui nous paraissent si banales ne le sont pas pour elles. Elles sont leur moteur, leur raison pour ne pas flancher, malgré toutes les difficultés auxquelles elles doivent faire face. Elles affichent fièrement toutes ces photos dans leurs modestes locaux au refuge, et, les jours un peu plus sombres, elles glissent souvent un œil en passant devant, pour prendre leur «shoot de bonheur», comme dit Maria Jose Collado.

Notre déléguée, Catherine, vous a envoyé il y a peu un message vous incitant à donner des nouvelles de vos adoptés… Pensez à elles, quand vous le lirez…

Mais il est déjà tard… oui, même en Espagne, il peut être très tard..! Nous n’arrivons pas à nous quitter, alors toutes nous accompagnent jusqu’à l’appartement, ce qui nous permet de continuer la discussion. Les embrassades chaleureuses témoignent de la sincérité de nos liens.

Le lendemain, nous sommes accueillis par l’éternelle effervescence qui règne au refuge, niché dans ces paysages de pinèdes et de terre rouge. Il fait beau, comme souvent, avec un vent vivifiant. Les chiens reconnaissent le camion, c’est en tous cas ce qui nous plaît de croire. Tous nous manifestent leur joie de nous voir. Et une grosse léchouille par ci, et je t’attrape le bras par là, et je vais chercher mon plus beau morceau de bois pour toi, et je te fais une chorégraphie que je travaille depuis des mois… Chacun fait de son mieux pour se faire remarquer.

Alors commence le dur exercice de la mémorisation des noms des chiens que nous croisons… Ce n’est pas mon fort, à part le nom de mes chouchous… et parmi eux, Dilan, qui va faire le voyage avec nous…. Je crois pouvoir dire que je suis aussi émue qu’elles, de le voir partir. Je sais qu’il a aujourd’hui une vie rêvée auprès d’une maman exceptionnelle, et j’avoue, j’ai moi aussi pleuré quand j’ai reçu les premières photos de son adoptante. Dilan est à lui tout seul le symbole de la résurrection grâce à l’amour…

La visite des enclos est empreinte de joie mais aussi de douleur à la vue des quinze derniers arrivés, dont Sasha, une pauvre chienne de chasse très mal en point, arrivée la veille, les doigts coupés, terrorisée, tapie au fond d’une niche, d’une maigreur à faire peur. Vous ne trouverez pas encore sa fiche, les filles ne savent pas si elle va s’en sortir.

D’autres galgos, mâles et femelles viennent d’arriver, et curieusement, ils sont très sociables, malgré la mauvaise réputation de leur propriétaire. La seule bonne nouvelle, c’est que petit à petit, certains galgueros viennent abandonner leurs chiens directement au refuge et non plus au milieu d’un champ. Et oui, on en arrive même à se réjouir de ça…

On est bluffé par la capacité de ces chiens à retrouver une joie de vivre au refuge… mais peut-être que pour certains, c’est la première fois qu’ils rencontrent le bonheur...

Nous en profitons pour faire de gros câlins à ceux que nous appelons affectueusement «les taulards», ces anciens, les piliers du refuge (Taram, Taylor…). Ceux qui sont restés trop peureux pendant longtemps et qui sont devenus plus sociables en vieillissant (Tex), ou ceux qui sont très particuliers, mais tellement attachants (Brina)… mais qui en voudrait ? Personne ne veut adopter de chien qui soit si spécial… et pourtant, c’est bien à cause de l’homme qu’ils sont devenus ainsi… Ce qui inquiète les filles, ce sont les conditions difficiles au refuge pour de vieux chiens. Il devient plus qu’urgent de leur trouver une famille, et cela est très improbable en Espagne… Il y a bien quelques exceptions, comme Fender, un vieux pointer tout cabossé qui avait passé plus de 5 ans au refuge et qui a finalement été adopté par une jeune famille espagnole… Quand je vous disais que certains miracles se produisaient aussi à Cuenca… 

Nous attaquons ensuite le déchargement du camion, et les chiens en liberté dans l’enclos d’entrée ont bien repéré les jouets et friandises dissimulés dans les colis de Noël… «On peut ouvrir nos cadeaux, nous aussi ? On a été très sage cette année..!»

Je suis toujours très impressionnée par le rangement impeccable des locaux.

Puis vient le moment que les bénévoles espagnoles redoutent le plus, celui où nous, Galgos France leur prenons ces êtres chers de leurs bras pour les mettre un à un dans les cages. C’est malgré tout un moment difficile, même si c’est l’aboutissement de tout un travail en amont, et le début d’une nouvelle vie que l’on souhaite heureuse pour le chien. Pour elles, c’est aussi une fin. Elles ne reverront plus jamais leurs petits protégés. Elles ne riront plus jamais de leurs pitreries. Elles ne savoureront plus jamais leurs câlins fougueux. 

C’est un moment plutôt silencieux. Elles essaient de prendre leur temps, alors que nous essayons d’abréger, car nous savons que notre route est longue, et que plus le chargement est long, plus les chiens seront stressés. Nous en profitons pour instiller une dose suffisante de Fleurs de Bach qui apaiserait un éléphant..! Elles auront été très efficaces pour en endormir certains tout le voyage (Cody, Dilan et Doti, entre autres), et pour en apaiser d’autres (Galena, Vuk).

Sand, la seule chienne d’Adaana, a été amenée de Valence par Eva, sa famille d’accueil. La gorge nouée, cette dernière m’avoue être incapable de rester jusqu’au départ du camion. Il est vrai que la chienne la regardera partir avec inquiétude. Et il y en a encore qui doutent de leur capacité à percevoir nos émotions…

Il est 16h, nous devons partir…

Nous sommes toujours incapables de parler pendant les premiers kilomètres… et cette fois-ci, nous n’entendons aucun chien pleurer, pas même lors des arrêts sur le trajet. 

Le vent s’est calmé, tant mieux, cela tanguera moins pour les chiens.

21 h 45 : nous voilà au refuge Adpca de Zaragoza. J’ai l’impression que leur buffet s’agrandit chaque fois un peu plus…! Elles doivent nous prendre pour des morfales (que nous sommes..!). Céline attendait la fameuse tresse de Zaragoza avec impatience… et moi certaines patates au four…

Les filles évoquent la baisse constante des adoptions en Espagne et leur refuge n’y échappe pas. Là-bas aussi, les chiots se vendent à des prix exorbitants, pour être jetés à 2 ou 3 ans, trop vieux, et remplacés immédiatement. Il y a moins de galgos dans la région. Par contre, la perrera de Zaragoza a été rebaptisée Centre de Protection Animale depuis qu’un accord a été conclu avec les associations locales. Ainsi, plus aucune euthanasie n’a lieu dans cette ancienne perrera (elles tiennent d’ailleurs à ne plus utiliser ce mot). C’est assez rare pour le souligner. C’est de là qu’elles sortent parfois certains galgos ou podencos. 

Elles nous parlent de certains chiens impossibles à faire adopter, comme la maman de Africa, une podenca si terrorisée quand quelqu’un entre dans son box, qu’elle se fait pipi dessus. Nous évoquons encore le douloureux cas de Orion, qui est arrivé au refuge à l’âge de 4 mois, et qui n’en est plus jamais sorti… depuis mai 2010…! Ce chien vit très mal l’enfermement, il mérite tellement de connaître autre chose que ces barreaux. Une vie carcérale, alors qu’il n’a commis aucun crime, juste celui d’être né au mauvais endroit… Nous nous engageons à le sortir de là au plus vite, avant qu’il ne soit trop tard. Nous lui trouverons une famille d’accueil ; nous le lui devons… Et depuis ce chien occupe toutes mes pensées, tout comme celles de Béatrice, notre secrétaire, qui suit ce chien depuis de longues années.

Je leur indique qu’il n’existe pas de chien impossible à adopter. Je leur donne le fabuleux exemple de Caramelo de Cuenca, une chienne extrêmement peureuse, à tel point que même les filles de Cuenca nous mettaient en garde sur les précautions à prendre, persuadées que la postulante à l’adoption allait changer d’avis… C’était bien mal la connaître… Caramelo a bluffé tout le monde, quelques jours après son adoption, et elle ne cesse de progresser comme jamais. Elle et sa maîtresse forment aujourd’hui une belle équipe… Dois-je préciser qu’elle a été adoptée fin octobre seulement ?

Il va falloir passer aux choses sérieuses: le chargement de notre «petiot», j’ai nommé Pancho, le magnifique mâtin espagnol de 82 cm au garrot pour une soixantaine de kilos. C’est le moment de savoir si notre cage XXL suffira. La question est : comment le faire monter si jamais il ne veut pas, sachant que môssieu n’aime pas qu’on le pousse aux fesses ? Mais… avec des saucisses, bien sûr..! Ces fabuleuses saucisses qui nous ont sortis de bien des embûches…! Après deux tentatives aidées d’une palette aménagée en escalier, notre petiot a déjà les pattes croisées dans la cage… Je crois que j’ai eu la main un peu lourde avec les Fleurs de Bach…

N’oublions pas nos 3 autres chiens, dont Josefina la fluette et Morgan, nos 2 galgos noirs qu’on va essayer de ne pas confondre à l’arrivée..! Et notre bébé du voyage, la petite Africa aux yeux magnifiques encore endormis… c’est-à-dire qu’il est 23 h 30… Juste le temps de sortir les cadeaux qui leur sont destinés, et il faut déjà repartir…

La conduite de nuit n’est facile pour personne, il faut rester vigilant, surtout que nous croisons la neige, et le copilote veille au grain pendant que le troisième dort (tout comme Ginette, que nous n’avons pas osé réveiller…). A l’arrière, on ignore ce que nos passagers doivent se raconter, mais ils le font en silence… Tous ignorent ce qui se passe. Et pourtant, nous leur infligeons ces misères dans leur propre intérêt.

8 h 15 : les paparazzis sont au portail de chez Corinne pour immortaliser l’arrivée du camion qui transporte leur bébé. Avant d’ouvrir les portes, même si le brouillard glacial nous envahit, nous tentons de donner les dernières recommandations aux adoptants. Nous avons bien conscience que ces derniers ne nous écoutent pas vraiment, car ils sont trop impatients de découvrir la bouille de celui ou celle qu’ils attendent depuis plusieurs jours.

Pourtant, les consignes et conseils que nous leur donnons, sont primordiaux pour la sécurité et la bonne intégration de ce chien que nous avons arraché à un environnement sécurisant pour lui (ils sont toujours bien traités dans nos refuges), que nous avons mis dans un camion bruyant qui a roulé des heures interminables avec d’autres chiens inconnus qui transmettent leur stress (18h de route pour ceux de Cuenca..!), que nous mettons dans les mains d’étrangers dont ils ignorent les intentions, que nous remettons dans une voiture pour continuer le voyage jusqu’à destination finale, pour arriver dans un endroit inconnu avec une profusion d’odeurs nouvelles…

Au total, certains chiens voyagent pendant 36 heures d’affilée…! Moi, personnellement, je suis exécrable après un tel voyage, tant la fatigue m’envahit, et ce n’est pas la peine de me demander autre chose… Comment peut-on exiger de ces chiens, qui en plus ne savent pas ce qui se passe, d’être parfaits dès leur arrivée ? Comment exiger d’eux de s’entendre avec les autres animaux de la maison dès la première minute de leur arrivée ? Comment ne pas prendre en compte tous ces paramètres ? Ne demandons pas à ces chiens ce que nous sommes incapables de faire nous-mêmes… Mettons-nous juste à leur place…

Ne soyez donc pas étonnés de voir sur notre site certains retours d’adoption quelques jours après l’arrivée du camion… Nous subissons ces aberrations…

Heureusement, la majorité vit un rêve éveillé et nous ne remercierons jamais assez ces adoptants de prendre part à ces miracles… !

 

MERCI d’agir à nos côtés.

Anny 

 

Les photos du voyage ICI et ICI